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dimanche 12 octobre 2014

Tous les articles sur l'Estonie



 Tourisme - Curiosités
Découvrez l'Estonie - Guide touristique de l'Estonie 
Pourquoi l'Estonie ? 






Côte Ouest de l'Estonie

 
Haapsalu , côte ouest de l'Estonie
29 mars 2011 : les falaises calcaires de la péninsule de Pakri ,près de Paldiski (nord-ouest Estonie)
Ungru Manor ( Château d'Ungru ) - Estonie




Est et Sud-Est de l'Estonie


Un tour d' Estonie (1) - l'Est et le Sud-est - 1er jour : Tallinn - Kiviõli - Chutes de Valaste - Sillamäe - Narva - Couvent de Kuremäe - Hansu Talu

Un tour d' Estonie (2) - l'Est et le Sud-est - 2ème jour : Manoir d'Alatskivi -Affleurements de Taevaskoja - Cratères de météorites d'Ilumetsa - Mines de Piusa - Joeveere Talu

Un tour d' Estonie (3) - l'Est et le Sud-est - 3ème jour : Rõuge - Suur Munamägi - Vastseliina Loss - Plaani kirik - Suhka Tourism Farm

Un tour d' Estonie (4)- l'Est et le Sud-est - 4ème et dernier jour : retour vers Tallinn



Sud de l'Estonie


Viljandi , fin des vacances en Estonie (2008)
30 mars 2011 : Viljandi , sud de l'Estonie



Iles
 
Saaremaa robirohi / Saaremaa Yellow Rattle / Rhinanthus osiliensis , la petite fleur rare de Saaremaa
Saaremaa , " l'île terre" d'Estonie 
Le phare de Rhunu (Estonie) a été conçu par Gustave Eiffel



Tallinn

Arrivée en Finlande le 28 mars 2011 , la Baltique est gelée 
Raeapteek : une pharmacie à visiter à Tallinn 
Tallinn et Open Air Museum
Photos d'Estonie 

Photos d'Estonie (1) : Vasaristi Joastik (Vasaristi falls ) Parc national de Lahemaa, Kuusalu Harjumaa, Estonie
Photos d'Estonie (2) : Nõmmeveski juga / Nõmmeveski canon and waterfall , Parc National de Lahemaa ,Harjumaa, Estonie
Photos d'Estonie (3) : Manoir de Kolga -Parc de Lahemaa 
Photos d'Estonie (4) : les maisons "Art Nouveau" de la rue Pikk -Tallinn
Photos d'Estonie (5) : mouette sur Vabaduse Väljak (Place de la Liberté) -Tallinn



Photos de Tallinn 

Photos de Tallinn : la croix de la liberté sur Vabaduse Väljak (Place de la Liberté) ,un Mémorial à la guerre d'Indépendance (1918-1920)
Autres vues de Tallinn : des toits , encore des toits !
Estonie-Tallinn : Tallinn en hiver
Festivals : Tallinn ,Viljandi  



Divers
Histoire

 

Estonie-Tallinn : Opération Priboi : déportations de masse dans les Pays Baltes en Mars 1949




Personnalités ,poètes,écrivains , 
musiciens ,peintres estoniens 



 Tallinn

 

Carte postale ancienne d'Haapsalu (1900)
Carte postale ancienne de Viljandi (Estonie): le château de l'Ordre teutonique -1910

 

dimanche 21 septembre 2014

La tour Eiffel en Estonie / Eiffeli Torn Eestis



Pour faire suite au post du 6 mai 2010 " La tour Eiffel estonienne menacée de destruction ", j'ai trouvé une lettre très émouvante écrite par le constructeur de la réplique en bois de la "Dame de fer" parisienne .Cette réplique se trouve sur l'île d'Hiiumaa en Estonie .

Cher Monsieur, Chère Madame,

En souvenir de ma femme disparue, j'ai érigé une réplique en bois de la Tour Eiffel à l'échelle de 1/10 dans la cour de ma maison. La décision de construire la Tour Eiffel m'est venue spontanément, surtout parce que la France, Paris et la Tour Eiffel sont associés à l'amour partout dans le monde. Dans la construction j'ai utilisé uniquement du bois de genévrier et des clous. Ce petit cousin du symbole de Paris est devenu l'un des endroits les plus connus d'Estonie. Plusieurs chorales, danseurs folkloriques et groupes de musique y ont donné des concerts. 
Les légendes et les documents historiques racontent qu'il y a 300 ans, sur l'emplacement de ma tour, se trouvait un faux phare du grand oncle du comte Otto Ludvig von Ungernsternberg qui s'appelait Egelhard. Ce phare attirait des centaines de bateaux qui se sont échoués près d'ici et dont les survivants ont été tués par des autochtones et enterrés sur la colline de la Chapelle qui se trouve à 300 mètres de ma maison. Encore maintenant les archéologues y trouvent des ossatures humaines. Afin d'éviter que de telles situations se répètent, les autorités russes ont commandé deux phares (de 30 et de 42 mètres de haut) à Gustave Eiffel.


Chaque année plus de 50 000 touristes visitent cette tour. Le drapeau français y flotte et lors d'un été, des étudiants y ont même chanté la Marseillaise. C'était un moment très émouvant.


Cette tour dont on a beaucoup parlé dans les médias (la chaîne télévisée BBC, les chaînes estoniennes, russes et autres) doit désormais être démolie si je ne trouve pas d'ingénieur. J'espère en trouver un en France. L'ingénieur estonien, malheureusement décédé avant la conclusion officielle de ses calculs, avait constaté que la tour était forte et pourrait tenir encore une vingtaine d'années.


Le site d'Internet de la tour se trouve à http://www.hiiumaaeiffel.ee/


Dans le dernier recours, je me tourne vers vous, car j'essaie à tout prix de trouver une solution pour préserver ma tour. Peut-être pourriez-vous publier ma lettre dans un journal ou ailleurs? Je dois trouver une solution car je me suis battu pendant des années pour la conservation de la tour, malgré plusieurs amendes et ordres de démolition.


J'ai réussi à avoir 5000 signatures de soutien et il y a même des écoliers qui ont promis de s'enchaîner à la tour le jour où l'on viendra la démolir.


Le coup du destin a voulu que l'ingénieur que j'ai trouvé qui était d'accord pour évaluer la résistance de la tour et pour créer un projet, décède de façon inattendue quelques semaines avant la finalisation complète du projet. La lettre de la communauté locale ne tarda pas à arriver en réclamant le paiement d'une amende de 18 000 couronnes estoniennes pour le 1 mai, faute de quoi la tour serait démolie.


La démolition de la tour serait comme une deuxième disparition de ma bien-aimée pour moi...


Mes meilleures salutations,
Jaan Alliksoo
jaanalliksoo@hot.ee

Aux dernières nouvelles , Jaan Alliksoo a obtenu de conserver sa tour en la gravissant chargé de sacs de riz pour prouver aux autorités locales que la construction était solide.

 








Un autre article à lire sur ce sujet : L’Estonie a sa Tour Eiffel (et son facteur Cheval)




Sources article et photos :
http://www.hiiumaaeiffel.ee/?keel=est
http://surlaroutedunord.wordpress.com/2011/11/10/lestonie-a-sa-tour-eiffel-et-son-facteur-cheval/


dimanche 14 septembre 2014

Retour de plage , des bijoux "destination évasion" sur l'île d'Oléron ,La Rochelle et Royan


 

Retour de plage : un endroit plein de charme... 

Située au début d’une enfilade de cabanes ostréicoles, sur le port de Saint-Trojan-Les-Bains, se trouve la destination "Retour de Plage". 

Inspirée par ses voyages, Myriam Bataille y associe les matières les plus diverses pour créer ses bijoux, ne laissant personne indifférent.


 Des bijoux pour tous les goûts

Métal, verres ou matières naturelles, modèles colorés ou plus classiques, bijoux harmonieux ou audacieux, coup de cœur personnel ou petits cadeaux, difficile de ne pas y trouver son bonheur…

 

 

Toute l’année, cette cabane bleue et blanche orientée sur le port de Saint-Trojan-Les-Bains est une identité, un lieu de rencontre, une curiosité établie. 

 Sur l'île d'Oléron ,vous trouverez une autre boutique à Saint-Pierre-d'Oléron  .

Au détour de votre chemin, d’un itinéraire de voyage, de vos vacances, prenez le temps de découvrir ce lieu rayonnant de matières et de couleurs, à l’image de son village et de l’île d’Oléron, en Charente-Maritime.



 
 







Et si vous ne pouvez pas vous déplacer jusqu'à l'île d'Oléron , regardez ,choisissez et commandez sur le site de Retour de plage , on y est toujours bien servi .



La boutique de La Rochelle 


Vous pouvez désormais trouver la boutique "Retour de plage" à La Rochelle 
et aussi à Royan depuis août 2014
La Rochelle : la boutique est située Place de la Caille, rue des Gentilshommes, dans la vieille ville.
Elle est ouverte tous les jours de 10h à 19h (sauf le Dimanche)

Pour Royan , c'est au 11 Boulevard Aristide Briand -
 05 46 06 20 60
Ouvert tous les jours de 9h30 à 19h30


"Retour de Plage" sur 













lundi 11 août 2014

12 août 1961 : Construction du Mur de la honte à Berlin







Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, les autorités de la République démocratique allemande (RDA) érigent une enceinte fortifiée sur la ligne qui sépare à Berlin leur zone, sous occupation soviétique, des zones sous occupation américaine, anglaise et française.

Des policiers et des ouvriers dépavent à la hâte les accès routiers entre la zone d'occupation soviétique, aussi appelée Berlin-Est, et les autres zones, ou Berlin-Ouest.

Ils bâtissent un mur en béton, tendent des barbelés et creusent des fossés. Dans le même temps, les liaisons ferrées sont aussi coupées.


Dans les jours qui suivent, à la stupéfaction du monde occidental, les autorités est-allemandes parachèvent le travail en murant les fenêtres et les portes des constructions situées sur la ligne de démarcation.
L'opinion occidentale baptise spontanément cette initiative de«Mur de la honte». Le «mur» court sur 43 km à Berlin même et sur 112 km dans les autres parties de la RDA. Il met une touche finale au «
rideau de fer» dont Churchill dénonçait la mise en place dès la fin de la Seconde Guerre mondiale.




Les caractéristiques du mur

Longueur totale de la ceinture autour de Berlin-Ouest : 155 kilomètres, dont longueur entre Berlin-Ouest et Berlin-Est : 43,1 km. et longueur entre Berlin-Ouest et la RDA : 111,9 km.
Tours de contrôle : 302
Unités de chiens de garde : 259
Miradors : 93
Bunker : 20.
Mesures d'un segment de mur :
- Hauteur : 3,6 m. au minimum.
- Largeur 1,20 m.
- Profondeur au sol 2,10 m.


Le gouvernement communiste de l'Allemagne de l'Est veut, grâce à lui, empêcher ses ressortissants de fuir vers la République fédérale allemande, à l'Ouest, où démocratie rime avec prospérité.

Depuis la scission entre les deux Allemagnes, en 1949, pas moins de 3 millions de personnes, soit 20% de la population de la RDA, ont fui vers l'ouest.
De sa construction à la réunification des deux Allemagnes, le 9 novembre 1989, on évalue à 5.000 le nombre de personnes qui parviendront encore à passer à l'ouest. Mais 239 échoueront et seront abattues par les «vopos», ou garde-frontières, postés dans les miradors.


jeudi 24 juillet 2014

Kiek in de Kök - Tallinn -

Kiek in de Kök- Juillet 2014


Mais qui est donc cette mystérieuse "Kiek in de Kök" ? C'est l'une des tours qui se dresse sur le versant sud de la butte de Toompea

Construite à la fin du XVème siècle ,cette imposante tour de défense médiévale, haute de 38 mètres , mesurant 17,3 mètres de diamètre ,avec des murs atteignant une épaisseur de 4 mètres ,est située sur l'un des versants de la colline de Toompea .
Elle a été curieusement baptisée "Kiek in de Kök" (littéralement "un coup d’œil dans la cuisine") parce qu'elle était si haute que les gardes de l’époque disaient, pour plaisanter, qu’ils pouvaient voir à travers les cheminées jusque dans les cuisines des maisons qui se trouvaient en contrebas.
 
Aujourd'hui ,la tour abrite une annexe du Musée municipal de Tallinn avec une collection d'armes anciennes , une collection permanente sur Tallinn et les évènements militaires qui l'ont marquée . Les étages inférieurs sont utilisés pour des expositions temporaires liées à la photographie .

On a scellé dans le mur sud de la tour six boulets en pierre et trois en métal qui rappellent le siège de la ville pendant la Guerre de Livonie (1558-1583).



















Kiek in de Kök fut originellement bâtie dans les années 1470, mais elle fut très vite agrandie et fortifiée, jusqu’à ce que ses murs atteignent 4 mètres d’épaisseur. L’investissement ne fut pas inutile puisque pendant la guerre de Livonie, à la fin du XVIe siècle, bien que les forces d’Ivan le Terrible aient réussi à fracasser une partie de l’étage supérieur, la tour tint bon.
Au cours des réparations qui suivirent la guerre, quatre boulets de canon furent placés les uns à côté des autres, en guise de mémorial, pour combler la partie détruite. Ils sont encore visibles sur la partie sud-est de la tour.

Les visiteurs du musée verront des exemples de la puissance de feu médiévale, une explication de la façon dont le complexe des remparts et des tours s’est développé au fil des siècles, et enfin une exposition sur la criminalité et les châtiments dans la Tallinn du moyen âge.
La tour offre aussi une magnifique vue circulaire sur Tallinn depuis les différents étages .











Enfin, un charmant café occupant tout le dernier étage vous accueillera . Le design des tables et des chaises se mêle parfaitement à l'ambiance médiévale des vieux murs.








Le musée donne également accès à un réseau fascinant de souterrains qui courent sous les bastions du flanc sud de la colline de Toompea .

A propos des souterrains ,lire cet article  : "Que se cache t-il sous Tallinn ?"




Kiek in de Kök- fin mars 2011








Source :
http://www.tourism.tallinn.ee/

mercredi 25 juin 2014

La nuit de la Saint-Jean, une nouvelle de Juhan JAIK



"La nuit de la Saint Jean" est une nouvelle de Juhan JAIK ,écrivain estonien (1899-1948).

Elle est tirée d'une vieille légende estonienne qui narre l'histoire d'une colline -Suur Munamägi - qui devient chauve puis se remplume et d'un vieux démon plutôt sympa en définitive.


"Il y a bien longtemps qu’advint cette étrange nuit de la Saint-Jean : si longtemps, que même le vieillard centenaire qui vit dans sa cahute rectangulaire au pied de la colline de Munamägi, même lui ne sait rien répondre d’autre à qui le questionne sur cet événement, que : « Je ne m’en souviens pas, je ne me souviens de rien. »



Mais que l’histoire se soit vraiment passée, c’est ce dont témoignait cette pierre noire dans le mur de l’église de Rõuge, jusqu’à ce qu’un boulet de canon vînt la déloger pendant la guerre. Elle était devenue noire précisément la nuit où se produisit cette terrible aventure.


C’était la veille de la Saint-Jean, fêtée jadis en grande pompe dans la province de Võrumaa. Alors que le soleil se couchait, que les bosquets lointains et proches se fondaient dans une douceur bleutée, et tandis qu’entre eux s’élevait des lacs une brume qui les enveloppait d’un tendre gris nocturne et que seule, dans cette nuit, l’antique lande de Tõrvapalu restait obstinément obscure et noire, le firmament se métamorphosa, prenant une teinte de rose, cependant que hurlait toujours le flamboiement de l’occident. Dans cette irradiation qui devait durer toute la nuit, le clocher et la façade de l’église de Rõuge se mirent à briller intensément et même les cimes des sapins de Tõrvapalu scintillaient, comme si des vols de corbeaux passant au-dessus de leurs aiguilles acérées avaient laissé sur leurs branches des gouttes de sang, qui paraissaient autant de perles délicates. Mais au sommet des collines, qui dominaient l’ensemble comme d’immenses pyramides, la mystérieuse clarté crépusculaire jouait le long des crêtes et à la cime des arbres. Il semblait qu’on avait étalé d’un pinceau hâtif une grande tache rouge le long des troncs blancs des bouleaux, avec tant d’élan et de violence que des gouttes de couleur avaient volé jusque sur leurs feuilles et sur les aiguilles des sapins.


Arriva cependant un moment où l’obscurité s’épaissit. Des feux apparurent alors au sommet des collines. On en voyait des milliers, proches ou lointains : ils surmontaient les forêts et paraissaient même suspendus sous les nuages, car dans la nuit l’œil ne distinguait plus les collines sur lesquelles ils brûlaient. Les feux brillaient longtemps, cette incandescence devait durer toute la nuit et s’étendre sur le pays de Võrumaa tout entier, car on allumait là-bas plus de bûchers qu’il ne brille d’étoiles dans le ciel ; ils clignotaient mystérieusement, comme des êtres vivants qui se saluent mutuellement d’un clin d’œil.


Mais le feu de Munamägi était toujours le plus grand de tous, car il devait briller sur tout le pays des Estoniens. On empilait là d’énormes troncs d’arbres et, quand la flamme les embrasait complètement, cette lumière éclairait le lac Peipsi davantage que le rougeoiement de l’aube qui se lève sur sa rive orientale. Depuis la montagne, on voyait le lac si clairement que les gens autour du feu distinguaient les poissons effrayés, observant du fond de l’eau un spectacle nocturne jamais contemplé auparavant. On pouvait apercevoir aussi les immenses colonnes de feu et de fumée qui montaient du cratère de Kaali, sur l’île de Saaremaa, et les petits voiliers qui s’éloignaient sur la mer bleue comme des scarabées affairés.


Les fêtes de la Saint-Jean étaient toujours à Munamägi l’occasion de grandes réjouissances. L’endroit grouillait alors de gens venus de près comme de loin et qui s’en donnaient à cœur joie, à la mesure de leur imagination. Quand le jour se levait, chacun s’en retournait, et les chemins débordaient de monde.


Mais cette année-là, tout devait se passer différemment. L’histoire remontait à quelques semaines auparavant, lorsque le fermier Tabi avait trouvé dans la forêt un démon à moitié mort : un être sauvage, que l’âge avait rendu faible et misérable, peut-être abandonné à son sort par ses semblables. Effrayé au premier abord par l’apparence de la créature velue, Tabi avait ensuite réalisé dans quel état celle-ci se trouvait : devant les traits presque humains de son visage et les larmes de détresse qu’il distinguait dans ses yeux, il avait été pris de compassion et était retourné chercher son cheval pour conduire le diable chez lui.


Tabi n’osa pas installer le diable dans sa demeure. Il l’enferma dans la resserre, après y avoir disposé quelques brassées de foin frais pour que le gîte ne soit pas trop inconfortable. Il le nourrit de lait et de pommes de terre, et en quelques jours le vieux retrouva une mine florissante. Lorsqu’il voyait le fermier, sa femme ou leurs enfants, son visage s’éclairait et il disait quelques mots en langue diabolique, tout en remuant amicalement la queue. Des jours heureux s’écoulèrent ainsi ; les enfants jouaient avec le diable, qui dodelinait curieusement lorsqu’ils lui chatouillaient la nuque avec l’extrémité d’une badine.


Tabi gardait cette présence secrète, car si d’autres personnes en avaient entendu parler, il n’en serait résulté que des ennuis. Mais le vieux n’avait aucune notion de prudence. Il s’imaginait peut-être que tout le monde était aussi brave que la famille de Tabi. Les enfants lui avaient appris à chanter, et de la resserre s’élevait à longueur de temps une psalmodie bizarre. La voix était affreuse. Pendant la nuit, le diable entonnait à toute force des chants de bergers, mais les chiens de la ferme y décelaient quelque chose d’étranger et hurlaient toute la nuit. Tabi essaya bien, par gestes, de le faire taire, mais l’autre ne comprenait pas. Il menaçait ainsi d’attirer de sérieux ennuis au fermier, et celui-ci conclut qu’il valait mieux persuader le diable de regagner la forêt.


Cela n’avait rien de facile. À peine atteignaient-ils le portail que le vieux faisait demi-tour, regagnait paisiblement son abri et se remettait à chanter. Une nuit, pendant qu’il ronflait bruyamment, Tabi l’installa sur la charrette et le conduisit au cœur de la forêt. Mais au petit matin, le diable était de retour.


Le fermier s’inquiétait. Déjà, tous les villageois savaient qu’il hébergeait un démon, et chacun venait contempler l’étrange créature. Au bout de quelques semaines, la nouvelle finit par arriver aux oreilles du pasteur.


Ce dernier savait quoi faire en pareil cas. C’était justement la veille de la Saint-Jean, et sur Munamägi le bûcher géant était déjà prêt. Mais cette fois-ci le pasteur entendait bien avoir part aux réjouissances. Avec plusieurs dizaines d’hommes il gagna la ferme de Tabi ; là ils se saisirent du diable et le conduisirent pieds et poings liés jusqu’à la montagne, où ils l’installèrent sur le bûcher, avec l’intention de faire son affaire à cet esprit malin.


Mais ce n’était pas encore le soir, et il fallait que tous assistent à la déconfiture du démon. Ils le laissèrent sur place sous bonne garde, de peur qu’il ne s’enfuie.


Cependant, vers le soir, une foule considérable se pressait sur la colline. Il y avait du monde jusque dans les arbustes et à la cime des arbres, et chacun chuchotait ses commentaires. Le prêtre était arrivé sur place de bonne heure et s’était lancé dans un long discours sur les mauvais esprits et sur le royaume de Dieu. Mais lorsqu’au loin, peut être sur la colline d’Otepää, apparut la première lueur, il s’interrompit et mit le feu au bûcher.


Il se fit un profond silence. On n’entendait pas une voix. Il n’y a qu’en plein milieu du lac Peipsi, ou de la large mer Baltique, lorsque les vents se reposent dans le ciel, qu’on rencontre peut-être un calme pareil. Seuls demeuraient le chuintement de la flamme grandissante et quelques craquements isolés dans les braises.


Mais l’odeur de la fumée avait déjà atteint les narines du démon. Un grand éternuement retentit, venant du bûcher, comme lorsqu’un élan s’ébroue au plus profond de la forêt. Alors seulement le diable prit conscience du feu et sur tout le pays retentit, aigu et tranchant, son cri de détresse.


À ce moment, une chose prodigieuse se produisit. Les arbres disparurent subitement de Munamägi et toute la colline devint, en un instant, ronde comme l’œuf de l’oiseau des contes de fées et glissante comme de la glace. Personne n’arrivait plus à se tenir debout sur sa surface et toute la foule glissa vers le bas, avec de grands hurlements : en quelques instants, Munamägi se trouva entourée d’une guirlande gigotante de gens tombés en tas et qui tâchaient de se dépêtrer les uns d’avec les autres. Tous pris de frayeur, ils s’éloignèrent de la colline pour mieux voir ce qui allait se passer.


Ils se rendirent compte que le bûcher était demeuré au sommet et continuait à brûler. Il avait été fixé là par le signe de croix du pasteur, contre quoi la puissance du démon était vaine. Mais celui-ci appela de nouveau à l’aide, et sa détresse immense attendrit les cœurs de ceux qui l’entendirent. De la foule montèrent des murmures hostiles au prêtre qui voulait brûler le pauvre diable. Tous jugeaient le pasteur cruel et son acte indigne, estimant qu’on n’avait pas le droit de brûler un démon qui vivait paisiblement dans la forêt.


Voyant le sentiment général, les plus braves s’enhardirent :


« Qui est courageux, pour aller sur la colline et libérer le diable ? Allons-y tous ensemble : pas le moment d’hésiter, quand il risque de brûler ! »


« Montez vite l’aider, ou il va cramer ! »


« Apportez une échelle et une corde, sinon on n’y arrivera pas ... »


Mais on vit que Tabi était déjà en train d’escalader la colline, au prix d’efforts terribles. Il creusait de ses dents des prises où assurer ensuite ses pieds, grattait de ses ongles la colline, sans renoncer malgré les traces sanglantes qu’il laissait derrière lui. Cela était visible pour tous les observateurs — même ceux situés de l’autre côté de la colline, car celle-ci était devenue transparente comme du verre —, et l’individu en pleine escalade devant leurs yeux semblait suspendu dans les airs comme une araignée qui, sur son fil, se lance à l’assaut du ciel.


Maintenant Tabi était déjà au sommet et disparaissait dans les flammes. Les gens s’en effrayèrent beaucoup car du monceau de troncs enflammés s’éleva alors un immense crépitement d’étincelles. On entendait la plainte courroucée du feu, et le nuage de fumée, qui s’élevait vers le ciel comme un sapin des forêts, se rabattit, engloutissant la partie supérieure de la colline dans une épaisse nuée d’où perçait, de temps à autre, une effrayante flamme rouge.


Mais Tabi avait de la chance. Il émergea bientôt de la fumée, tenant par la main le démon, que le feu avait rendu glabre et lisse de peau. Il n’avait plus la moindre trace de poil, pas même sur le crâne, autour des cornes. Il tremblait d’effroi et la suffocation l’avait laissé titubant. Se ressaisissant, il s’envola soudain et, après avoir décrit une grande courbe dans les airs, piqua vers la forêt derrière les fermes, d’où parvint aussitôt un bruit de course frénétique.


L’enthousiasme s’empara de la foule. « Vive Tabi, hourra ! Vive Tabi, brave gars !... » entendait-on sans cesse, pendant que Tabi redescendait de la colline. Les gens l’entourèrent, le serrant jusqu’à l’écraser.


Cependant, Munamägi avait repris son aspect antérieur et les gens se hâtaient joyeusement vers le sommet. Le grand feu de Saint-Jean flambait en crépitant, tout le pays était comme un ciel étoilé, parsemé de feux qui se détachaient de chaque bosquet en clignotant comme des vers luisants. Sur Saaremaa, au loin, une immense colonne de flammes s’élevait dans le ciel au-dessus du cratère de Kaali et à Tori, autour de la bouche de l’enfer, jouaient des diablotins. La fête dura jusqu’au matin, puis la lumière du jour remit chacun en route.


Le pasteur, de son côté, avait couru vers sa maison en proie à un effroi mortel. Emporté par son élan, il s’était précipité contre le mur de l’église, trouvant la mort dans le choc. Et la pierre contre laquelle il s’était écrasé devint toute noire.


Quant à Tabi, une surprise l’attendait chez lui. Il s’aperçut que l’herbe des marais, dans sa grange, était devenue du trèfle de la meilleure qualité et que la charrette sur laquelle il avait conduit le diable dans la forêt s’était changée en une élégante voiture. Ses vaches maigres étaient maintenant plantureuses et meuglaient comme des trombones.


Le diable resta invisible. Mais l’année suivante, pour la Saint-Jean, Tabi se rendit compte que celui-ci était passé dans la cour pendant la nuit : il reconnaissait bien l’empreinte de ses pieds fourchus. Un an plus tard, à la même époque, Tabi disposa dans la resserre un boisseau de pommes de terre et un baquet de lait. Au matin, les deux récipients étaient vides, mais au fond de chacun d’eux se trouvait un joli tas de pièces d’or.


Les fils de Tabi, qui, enfants, avaient joué à empoigner les cornes du démon et lui avaient chatouillé affectueusement la nuque, devinrent des hommes robustes.


Le vieux diable vient encore aujourd’hui visiter la ferme de Tabi à chaque nuit de Saint-Jean, sans se montrer aux hommes. Il vit sans doute dans les fourrés épais, mangeant les baies des marais et paressant au soleil."

Traduit de l’estonien par Jean Pascal Ollivry


Source
http://www.litterature-estonienne.com/Jaiknuit.html


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