Marie Under est une poétesse estonienne, auteur d’une oeuvre importante, qui a traduit les “Petits poèmes” en prose de Charles Baudelaire
MARIE UNDER (1883-1980) est née à Tallinn, où elle a passé aussi son enfance. Son père était instituteur ; il descendait d'une famille paysanne de l'île de Hiiumaa. Suivant l'usage de l'époque dans les familles d'intellectuels du pays, elle fréquente une école de langue allemande. Les poésies de Goethe et de Schiller sont parmi ses premières lectures. En 1901, elle est employée au bureau du journal estonien Teataja, ce qui lui donne l'occasion de rencontrer des écrivains et des artistes, et, l'année suivante, une de ses poésies est publiée pour la première fois. Lorsqu'elle revient à Tallinn après un séjour à Moscou, sa maison devient un rendez-vous des écrivains, des artistes, des acteurs.
Le premier recueil de Marie Under paraît en 1917 sous le titre de Sonnets.
Il est accueilli avec enthousiasme et exerce une profonde influence. Jamais encore la poésie estonienne n'avait exprimé de sentiments avec autant de franchise et de spontanéité.
D'autres recueils ne tardent pas à suivre :
En 1918, Première floraison, dont les poésies avaient été écrites en réalité avant les sonnets, mais que l'auteur n'ose publier qu'après le succès de ceux-ci .
En 1920, La voile bleue, d'inspiration analogue .
En 1921, Ensanglantée, où se reflètent les tristes visions de la guerre et de ses conséquences, le côté morne des villes, mais aussi la foi dans le Seigneur, la vie et l'avenir
En 1923, L'héritage, œuvre encore marquée par la préoccupation que cause la destinée humaine, mais qui revient volontiers à des images plus riantes. Les trois premiers recueils constituaient une période en quelque sorte préparatoire, plutôt « impressionniste » (l'auteur refusait cependant tout programme), sans doute influencée par Rimbaud, dont Marie Under traduisait alors « Le bateau ivre ».
Les deux recueils suivants, avec leurs perspectives parfois si sombres, marquent le début d'une période de poésie plus individuelle, plus imaginative, "expressionniste", apparemment influencée par les poètes expressionnistes allemands, que l'auteur traduisait beaucoup à l'époque.
Marie Under épouse en 1924 le poète Artur Adson. Ils demeurent à Tallinn, puis à Nõmme, agglomération de la banlieue, dans une maison ombragée de pins et entourée de fleurs.
La poétesse passe l'été à la campagne, parfois dans des hameaux de pêcheurs, le plus souvent à Kassari, sur l'île de Hiiumaa. Elle aime la mer et lui a consacré quelques-uns de ses plus beaux poèmes. De nouveaux recueils jalonnent cette vie paisible:
En 1927, Une voix dans l'ombre .
En 1928, Joie d'un beau jour, poèmes écrits pendant la même période et où alternent l'angoisse et la joie.
En 1929, Éclipse de bonheur, qui révèle de nouvelles sources d'inspiration : les légendes du folklore estonien, la Bible .
En 1930, En plein air, nouveau retour à la nature, exprimant au passage un sentiment de soulagement, qui se confirme en 1935 dans Une pierre ôtée du cœur, au titre significatif et que les critiques estoniens considèrent comme le point culminant de l'œuvre de la poétesse.
L'œuvre est arrivée à sa phase de maturité, l'auteur, qui a déjà reçu huit prix littéraires estoniens, est devenue la première personnalité littéraire de son pays et est considérée comme la poétesse nationale.
Elle est élue en 1937 membre du P.E.N. international. Mais il ne lui sera pas donné de jouir longtemps de cette sérénité. Le cataclysme qui ébranle l'Europe n'épargne pas son pays, livré à l'occupation étrangère et à la guerre. Les Estoniens ont la surprise de voir paraître sous l'occupation allemande un recueil au titre éloquent : D'une bouche chagrine (1942). C'est presque la seule voix poétique entendue dans le silence de cette sombre époque, mais c'est la poétesse nationale qui parle pour tout un peuple et exprime les sentiments de la nation écrasée par la guerre.
À l'automne de 1944, devant une autre occupation, Marie Under et Artur Adson quittent leur pays pour l'exil. C'est en Suède que paraissent Étincelles dans la cendre (1954) et Aux confins (1963). C'est une nouvelle étape importante, où se retrouve, à côté de symboles reflétant le destin de son pays, la "dualité" qui semble avoir été la marque du caractère de Marie Under et fait alterner dans son œuvre les méditations anxieuses et les retours vers la lumière et l'espoir, la poitrine remplie de chants "comme une église", "les yeux pleins d'étoiles". Ses œuvres complètes ont paru en 1940 en Estonie et en 1958 en Suède. Marie Under a été proposée à plusieurs reprises comme candidate au Prix Nobel de littérature.
Voici un de ses poèmes :
L’arbre nu semble tout honteux
une laine brun rouge, quand du jeune soleil
Dans l’azur en feu, le vent, du haut des cimes,
déjà écoute et attend, attend… des fleurs.
À l'initiative de Friedebert TUGLAS (1886-1971) est fondé, en 1917, le groupe Siuru, rassemblant principalement de jeunes poètes qui commencent leur œuvre dans la ligne néo-romantique ouverte par Noor-Eesti. Le groupe organise des soirées littéraires, fonde une maison d'édition et publie trois albums collectifs. Malgré leur opposition affichée à la morale et à la société bourgeoises, les écrivains de Siuru traversent la révolution russe et la guerre d'indépendance estonienne avec une relative indifférence. Certains d'entre eux se retrouveront pourtant, toujours en compagnie de F. Tuglas, dans le groupe Tarapita (1921-1922), plus engagé politiquement et souvent comparé au groupe français Clarté.
Le groupe Siuru
C'est de Siuru et Tarapita que devaient venir quelques-uns des plus grands poètes de l'Estonie indépendante : Marie UNDER (1883-1980), Henrik VISNAPUU (1890-1951), expérimentateur virtuose de la rime ; Johannes SEMPER (1892-1970), également prosateur, traducteur et propagateur de l' "esprit français", Johannes BARBARUS (1890-1946), poète "cubiste" qui devait diriger le gouvernement fantoche mis en place par les Soviétiques en 1940.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire