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jeudi 24 mars 2022

Oeufs, cloches et traditions de Pâques en Europe



J'ai choisi de parler de Pâques autour de ses traditions:les œufs et les cloches en sont de très anciens symboles qui n'ont perdu aucun de leurs charmes auprès des enfants bien sûr ,mais aussi des plus grands! 
Que ne donnerait-on pour un œuf,un lapin ou une poule en chocolat?

 
                                 
Les œufs de Pâques décorés

La tradition d'offrir des œufs décorés est bien antérieure au christianisme. L'œuf est symbole de vie et de renouveau : c'est l'image d'une vie nouvelle.
Il était tout désigné pour devenir un symbole de Pâques, temps fort dans la religion chrétienne. Comme il était interdit de manger des œufs pendant le carême, on se trouvait à Pâques devant une grande quantité d'œufs. Alors, dès le Moyen-âge, on a pris l'habitude de s'offrir des œufs décorés.
L'œuf de Pâques a donné naissance à beaucoup de coutumes très diverses selon les pays.

En Pologne, comme en Russie, la tradition la plus typique est la peinture et la décoration de l'œuf de Pâques.
En Norvège et en Pologne, il y a des petits combats d'œufs.
En Allemagne, on accroche des œufs décorés à la main à des petits branchages.
En Pologne et en Italie, on décore la table avec des œufs pour le repas de Pâques.
En Russie, on porte des œufs au cimetière pour honorer les défunts de sa famille.



Les œufs de Pâques en chocolat

Ce n'est qu'au XVIIIème siècle, en France, qu'on décide de vider un œuf frais et de le remplir de chocolat. Puis, la tradition se perfectionne et l’on moule des œufs en chocolat. On les cache ensuite dans le jardin et les enfants s’amusent à les trouver.
Dans les pays du sud de l’Europe, ce sont les cloches de Pâques qui les ramènent de Rome. Dans les pays germaniques, c'est le lièvre ou le lapin qui les dépose dans les jardins.
Si ce sont généralement le lapin et le lièvre qui cachent les œufs de Pâques , d'autres animaux peuvent tenir ce rôle : la poule (au Tyrol), le coucou (en Suisse), la cigogne (en Alsace et dans la région de Thuringe en Allemagne), le renard (en Westphalie en Allemagne).



Le chocolat et autres traditions de Pâques

Manger du chocolat sous différentes formes est une tradition importante en France : œufs en chocolat, poules en chocolat, cloches en chocolat.
La tradition en Espagne veut que l'on échange des présents, notamment du chocolat.
On mange des gâteaux en forme de colombes (en Italie)
On décore les maisons pour la fête de Pâques (en Allemagne)
On accroche des œufs aux branches d'un arbuste (en Allemagne)
On mange du jambon (en Angleterre et en Allemagne)
On danse dans les rues (en Angleterre)
On fait les décorations en jaune (dans les pays scandinaves)
Les enfants se déguisent en sorcières la veille de Pâques (en Finlande et en Suède)
On asperge d'eau la famille et les amis et on asperge les champs d'eau bénite (en Pologne)
On dépose des œufs sur les tombes des parents au cimetière (en Russie)




 Les cloches de Pâques

Vers le 7ème siècle, l'Église interdit de sonner les cloches en signe de deuil entre le Jeudi Saint et le Dimanche de Pâques. La légende, dans certains pays catholiques et particulièrement en France, affirme que, le soir du Jeudi saint, elles partent à Rome où le Pape les bénit.
Le matin de Pâques, les cloches reviennent en carillonnant pour annoncer la joie.
A Rome, elles se chargent d’œufs de Pâques qu’elles répandent à leur retour dans les jardins. Les enfants vont alors les chercher. Pour le voyage, les cloches se munissent d'une paire d'ailes, de rubans ou sont transportées sur un char.


 Le lièvre ou le lapin de Pâques

Le lièvre est une tradition de Pâques d'origine germanique et nordique. Le lièvre qui a une grande fécondité (de 4 à 8 portées par an) symbolise l'abondance, la prolifération et le renouveau.
C'est en Allemagne et en Alsace, qu'on associa pour la première fois le lapin et le lièvre de Pâques avec les œufs de Pâques pour célébrer le printemps. Les enfants confectionnent des nids avec des feuilles, de la mousse ou de l'herbe qu'ils installent dans le jardin, en espérant que durant la nuit de Pâques, le lapin garnira les nids d'œufs multicolores.


 L'agneau de Pâques
Dans la plupart des pays européens ( France, Belgique, Allemagne, Italie, Grèce, Pologne, Norvège etc. ), l'agneau est l'une des pièces maîtresse du repas du dimanche de Pâques. L'agneau pascal en Allemagne et en Alsace désigne un biscuit en forme d'agneau décoré d'un ruban rouge autour du cou.


Peinture et décoration des œufs de Pâques 







Dans plusieurs pays du monde, on peint et on décore les œufs de Pâques. La décoration des œufs est considérée comme un art. 
Les dessins sont tout d'abord tracés sur les œufs avec de la cire d'abeilles. Ensuite on trempe les œufs dans une teinture de couleur vive. La teinture colore la partie de l’œuf qui n'est pas recouverte par la cire.
En Pologne, les œufs sont décorés de lignes entrecroisées, de dessins en forme de pois, de plantes, de fleurs ou d'animal. On ne retrouve jamais deux œufs identiques.
Certaines personnes croient que les œufs de Pâques ont des pouvoirs magiques. Ils croient qu'en enterrant les œufs de Pâques peints à la main au pied d'une vigne, la fera pousser plus rapidement.
D'autres pensent que si l’œuf reste enterré pendant cent ans, le jaune deviendra un diamant.


 




Head ülestõusmispüha - Joyeuses Pâques!



Sources:
http://www.legout.com/c-est-de-saison/jai-les-crocs/542
http://users.swing.be/ALARTDUCHOCOLAT/infofr/PAQUES.HTM

Tout savoir sur les tiques : la Méningo-Encéphalite à Tiques (MET) et la borréliose de Lyme




Cartes du site CHU Hôpitaux de Rouen








Vous comptez séjourner en zone rurale ou forestière d'endémie en Europe centrale, orientale et septentrionale (en particulier Autriche , Suisse , sud de l'Allemagne, Pologne , République Tchèque,Hongrie, États Baltes ou Russie ) au printemps, en été ou en automne, alors ,pensez à vous faire vacciner contre la méningo-encéphalite à tiques .

Où vivent les tiques ?

Les tiques sont souvent observées dans les sous-bois : lisière des forêts , prairies , clairières ,marais ou dans de jeunes plantations forestières avec fourrés et arbustes,ou encore ,dans les futaies et les taillis .
Les tiques "grimpent " sur les herbes et les buissons jusqu'à une hauteur allant de 30 cm à 1,5 m. Elles restent immobiles , ne tombent pas des arbres et ne chassent pas .Elles s'agrippent à une proie lorsque celle-ci passe près d'elles.
La tique est surtout active du printemps à la fin de l'automne .




Pourquoi la tique peut-elle être dangereuse pour l'homme ?

Pour se développer et pour nourrir ses œufs ,une tique a besoin de plusieurs repas sanguins au cours de son cycle de vie .
Ce sang peut provenir d'animaux (rongeurs , oiseaux , lézards , insectivores , mammifères ,vertébrés ) mais aussi de l'homme .Pendant qu'elle aspire le sang , la tique peut transmettre divers virus et bactéries .La piqûre de tique passe souvent inaperçue car sa salive contient des substances anesthésiantes.







Les deux maladies les plus importantes transmises en Europe par les tiques sont :
-la borréliose de Lyme , d'origine bactérienne (qui peut être traitée par antibiotiques )
-la M.E.T. (méningo-encéphalite à tiques) ,une forme d'inflammation cérébrale d'origine virale ( il n'existe pas de traitement mais un vaccin ).

Cependant , il faut savoir que toute tique n'est pas porteuse de maladie ,que toute morsure n'est pas contaminatrice et que toute contamination n'implique pas un pronostic grave .




La M.E.T. ou Méningo-Encéphalite à Tiques 

Une à 2 semaines après la piqûre de tique ,la Méningo-Encéphalite à Tiques débute souvent comme une grippe :fièvre , maux de tête,douleurs dans les membres .Elle peut donc facilement passer inaperçue ..

Comment évolue la MET ?
Après une courte période silencieuse , une atteinte du système nerveux central peut se manifester chez 20 à 30 % des personnes infectées .Le virus de la MET peut entraîner une inflammation des méninges ,des nerfs et de la moelle épinière .
Il n'existe pas de traitement contre la MET .Des risques de séquelles permanentes ou de décès existent . Chez les personnes ayant une atteinte du système nerveux central ,il y a un risque de séquelles neurologiques évalué à 46% .
Aussi bien les enfants que les adultes peuvent être contaminés par le virus de la MET. 
Avec l'âge , la gravité de la MET augmente .


Régions où le risque de contamination est le plus important:
C'est en Europe centrale et de l'Est , du printemps à l'automne ,que le risque de contamination par le virus de la MET est le plus important .
Pour la France ,de rares cas de MET ont été mis en évidence en Alsace .


Ne pas confondre la MET avec la borréliose de Lyme


Dans le cas de la borréliose de Lyme , des signes dermatologiques apparaissent à court terme (3 à 30 jours après la piqûre) : il s'agit d'une rougeur en forme d'anneau autour de la piqûre qui s'agrandit au cours du temps (c'est un érythème migrant).
Il n'existe pas à l'heure actuelle de vaccin contre la borréliose de Lyme , cette maladie est traitée uniquement par antibiotiques .
Si vous découvrez une rougeur de ce type , consultez un médecin .


Comment se protéger des tiques ?


De manière générale, il est possible de se protéger contre les piqûres de tiques en portant des vêtements couvrants (serrés aux chevilles et poignets ),en rentrant le pantalon dans les chaussettes,  en évitant si possible les sous-bois et en utilisant un répulsif efficace contre les insectes (à renouveler très souvent ) . 
On trouve en général ce répulsif sous forme de spray (c'est le même que pour les moustiques ,mais il faut bien regarder sur le flacon s'il est aussi efficace contre les tiques, c'est toujours spécifié) 





 Autres conseils 

Marchez de préférence au milieu des sentiers , évitez les herbes hautes ,les buissons et les sous-bois .
De plus, il est recommandé d’examiner son corps et ses vêtements (enfants et adultes )au retour de vos promenades . Inspectez également les animaux qui vous ont accompagnés .



Comment enlever une tique ?

Si l’on découvre une tique, il faut l’enlever rapidement avec une pincette (il est préférable d'acheter une pince spéciale vendue en pharmacie) . Le corps de la tique ne doit pas être comprimé car la salive infectée pourrait alors se propager dans l’organisme humain. 
Éviter de tourner, d’appliquer de l’huile ou éther (qui pourrait faire "régurgiter " la tique et libérer ainsi la bactérie dans la plaie) ou tout autre truc ou remède de bonne femme.
Si vous possédez une pince à tique (en vente en pharmacie) , attrapez le corps de la tique le plus près possible de la peau , et retirez la en tournant sans forcer , pour éviter que son appareil buccal ne se casse dans la plaie (en cas de doute ,il est conseillé de s'adresser à un médecin ).
Désinfectez aussitôt avec un bon antiseptique (genre chlorhexidine ou bétadine si vous n'êtes pas allergique à l'iode ).


Important à savoir : le virus de la MET peut être transmis juste après la piqûre . L'élimination rapide de la tique ne fournit donc aucune protection contre la MET .


Quand faut-il se faire vacciner 
contre la MET ?

La vaccination est recommandée pour tout séjour en zone rurale ou forestière d'endémie en Europe centrale , orientale et septentrionale (en particulier Autriche ,Suisse , sud de l'Allemagne,Pologne , États Baltes ,République Tchèque ,Hongrie ,Russie ),du printemps à l'automne .






       
La vaccination

Il faut 3 injections de vaccin , celui ci se fait par voie intramusculaire .
On conseille de faire la 1ère et la 2ème injection durant l'hiver , afin d'être protégé au début de la saison d'activité des tiques .
Si ce n'est pas possible , et que la saison chaude a déjà débuté , un schéma de vaccination rapide peut être pratiqué : la 2ème injection peut être faite 14 jours après la 1ère .
Enfin, la 3ème dose de vaccin (qui se fait entre 5 à 12 mois après la 2ème injection) assure une protection pendant 3 à 5 ans .
Il existe un vaccin spécifique de l'enfant(jusqu'à 16 ans )et un autre spécifique de l'adulte .



Pour info ,et pour ceux qui habitent en Suisse , je viens de trouver un article sur le site de l'association des Médecins de Genève ,article émanant du journal " la Tribune de Genève " du 18 juin 2009 dont le titre est : " les tiques attaquent , protégez vous " !
http://www.amge.ch/2009/06/18/les-tiques-attaquent-protegez-vous/
http://www.tbe-prevention.info/iddb/archiv7350/110_archiv7350_60806.pdf 


Ce vaccin revêt une importance particulière car il n'existe actuellement aucun traitement contre la MET .

-Conseils trouvés sur le site de BAXTER : http://www.tiques.fr/


Trouvé dans un blog ,un article complet et très intéressant : 



Autres infos sur les tiques

Le site de l’association France-Lyme : http://www.francelyme.fr
Le site Prévention maladies à tiques : http://www.maladies-a-tiques.com/Prevention.htm

http://www.tiquatac.org/
http://www3.chu-rouen.fr/Internet/services/sante_voyages/pathologies/encephalitetiques/



Les échanges commerciaux entre le pays guérandais et les "mondes" nordiques .




C'est en faisant des recherches sur François Guillemot de la Villebiot , aide de camp du tsar Pierre le Grand , que j'ai découvert un site qui parle des échanges commerciaux entre le pays guérandais et les mondes nordiques de la fin du Moyen-Âge aux Temps modernes.( je n'ai pas retrouvé ce site ,il ne doit plus exister)
Cela se passait aux temps lointains où Tallinn s'appelait Reval , et où elle faisait partie de la ligue hanséatique .


Qui sont ces mondes nordiques ?


Il s'agit de l'ensemble des pays d'Europe situés au nord de l'Allemagne et de la Pologne et à l'ouest de la Russie, qui, après avoir été longtemps séparés de nous par des frontières quasi-infranchissables (dont le "rideau de fer" de 1945 à 1990), se retrouvent depuis une quinzaine d'années dans un même espace géopolitique, qu'ils soient membres de l'Union Européenne et de l'OTAN ou associés. 
Ces pays partagent tous désormais avec nous les mêmes valeurs de démocratie et de liberté. Mieux les connaître, c'est mieux connaître l'Europe qui est devenue notre patrie commune et qui joue un rôle toujours plus grand dans notre vie quotidienne.
À travers la littérature et les livres, nous continuons ainsi de resserrer nos liens culturels avec des pays et des peuples que nous ne connaissons pas assez et avec lesquels la Bretagne et en particulier le pays guérandais ont eu autrefois des relations suivies, principalement grâce au sel.

Au Moyen Âge, le sel ( l'or blanc) faisait l'objet d'un commerce intensif . Chaque année , des flottes immenses appareillaient des ports de la Baltique pour naviguer vers le sud et jeter l’ancre près des côtes dans la baie du sud de l’estuaire de la Loire, face à Noirmoutier ou plus bas dans les parages de l’île de Ré, à Saint Martin, ou dans l’estuaire de la Seudre ou à Brouage. Ces navires descendaient parfois plus au sud dans les salines espagnoles ou portugaises. 


Il y a eu pendant plusieurs siècles, de la fin du Moyen Âge aux Temps modernes, le transport et la vente du sel de la baie de Bourgneuf et de la presqu'île guérandaise dans les pays riverains de la mer du Nord et de la mer Baltique, longtemps sous l'égide de la puissante Ligue Hanséatique.
Ce n’est qu’en 1369 que de petites quantités de sel breton apparaissent pour la première fois dans les registres douaniers de Hambourg. Un véritable courant commercial vers la mer Baltique ne s’instaura qu’à la fin du XIVe siècle, d’abord à l’initiative des gens de Hambourg, puis de négociants de Livonie et enfin de ceux de Lübeck , tous intéressés par cette nouvelle source d’approvisionnement à la fois bon marché et de bonne qualité.

Dans son livre sur "Le commerce maritime breton à la fin du Moyen Âge" (Paris, 1967), Henri Touchard a écrit : "Marins et marchands des mers nordiques s’intéressent, en Bretagne surtout, à la baie de Bourgneuf, pour laquelle s’ouvre un siècle de prospérité, malgré les multiples conflits qui opposent les différentes nations qui la fréquentent."

En 1408, 24 ou 25 grosses hourques ( bateaux de transport à fond plat en usage dans les mers du Nord), sont ancrées au Collet, malgré l’effacement momentané des Hanséates qui ne reparaissent qu’en 1409 après la liquidation de la crise avec l’Angleterre.

Chaque année à Reval (Tallinn, capitale de l'Estonie), les navires arrivant de la Baie sont plus nombreux. De 1427 à 1433, ils forment près de 36% du trafic et amènent annuellement 2 500 last de sel, 83% du total. ( le last a été l'unité de tonnage de la mer du Nord pendant plusieurs siècles. En Hollande au 18e siècle : 1 last = 4000 liv. 1 tonne = 2000 liv.)
Au 15ème siècle, plus de 100 cargaisons de sel sont arrivées dans le port de Tallinn. Il était transporté sans emballage à l'intérieur des navires . Une fois le sel arrivé à destination , il était rapidement chargé dans de plus petits bateaux qui le transportaient sur la rive. Ensuite, les voitures emportaient le sel vers la maison de pesage (Vaekoda) sur la place de la mairie (Raekoda Plats) où il était écrasé, pesé et divisé en petits sacs. La plupart étaient vendus à Novgorod (Russie) , en Finlande et en Suède.
Le bénéfice obtenu à partir du commerce du sel était investi dans les murs et les maisons de Tallinn. C'est la raison pour laquelle il y a un dicton à Tallinn qui dit : "Tallinn est une ville construite sur le sel" - "Ongi Tallinn soolale ehitatud linn."


En 1438, la flotte hanséatique de la baie compte 34 navires et en 1442 Reval avec 59 navires de sel, atteint le total le plus haut du siècle.
Toutes les villes hanséatiques participent au trafic : les Hambourgeois arrivés les premiers ont été rejoints par les marins de Lübeck qui, en 1442, assurent l’essentiel du trafic de Reval et ceux de Wismar et des ports prussiens et livoniens. 
Sur 1 700 navires entrés dans le port de Reval entre 1426 et 1496, 1 216 transportaient du sel breton et près du tiers venaient directement de la baie de Bourgneuf. 
Les historiens estiment à environ 5 000 tonnes la quantité de sel breton qui transitait alors par le Sund, c’est à dire le détroit situé entre le Danemark et la Suède. Des marchands de Riga venaient prendre le sel à Reval pour le revendre à Dorpat (Tartu en Estonie)  et à Narva (Estonie).
Le transport et le négoce du sel furent très longtemps le quasi-monopole des Hanséates et les navires bretons ne jouaient qu’un rôle de “rouliers” c’est à dire de transporteurs pour le compte d’armateurs le plus souvent étrangers.
Le premier navire breton à se risquer dans la Baltique n’est signalé qu’en 1535. Il ne put donc y avoir d’échanges directs entre des marins et commerçants bretons avec des habitants des villes baltes recevant du sel de la Baie, comme Reval, et encore moins avec les marchés russes de Novgorod, Smolensk et autres, où étaient présents des Hanséates.

Dans la seconde moitié du XVe siècle, on assiste à un déclin des Baienfahrten( = convois de navires). “De 1479 à 1483, 37 navires chargés de sel de la Baie entrent en moyenne à Reval, après 1484, 20, et certaines années, comme en 1485 et 1493, aucun arrivage n’est signalé.
Certes les difficultés politiques s’accumulent : les Hanséates subissent tous les contrecoups des guerres et sont la cible aussi bien des pirates anglais que danois, espagnols ou français. Même avec la Bretagne, malgré le sauf-conduit de sept ans que François II leur accorde le 15 avril 1477, le traité de commerce qu’il signe en janvier 1479 et la paix de dix ans que conclut en son nom Antoine Baudin à Bruges, les relations ne sont pas sans heurts.”

L'exportation de sel breton vers les pays nordiques a continué encore, modestement, jusqu'au XIXe siècle, et on en a un témoignage dans la littérature. 
Dans son roman Béatrix, publié au printemps de 1839 dans le journal Le Siècle, Honoré de Balzac (1799 - 1850)  fait dire à un de ses personnages : "... Vous m'avez tant parlé des difficultés de la route que je vais essayer d'arriver au Croisic par mer. Cette idée m'est venue en apprenant ici qu'il y avait un petit navire danois déjà chargé de marbre qui va y prendre du sel en retournant vers la Baltique..." 
On sait que Balzac séjourna au Croisic et à Guérande en juin 1830 et cette évocation du passage d'un navire danois est certainement liée à un souvenir personnel.


Le sel n'a pas été la seule marchandise voyageant par mer entre la Bretagne et les pays nordiques.
Il y a eu les graines de lin importées des régions baltiques jusqu'à la fin du XIXe siècle pour la culture de cette plante textile (dont les graines dégénéraient en Bretagne); il y a eu la rogue ( appât à base d'œufs de poissons salés ) utilisée par les marins-pêcheurs bretons; il y a eu, jusqu'à aujourd'hui (sur la zone portuaire de Nantes Cheviré), l'importation des bois du nord; il y a eu la pénétration de capitaux scandinaves dans l'industrie bretonne (comme le rachat de la firme nantaise Clergeau par le groupe Svenska Cellulosa)...


J'ai retracé ici (en retranscrivant ce que j'ai lu sur divers sites ) une toute petite partie de l'Histoire du commerce de l'or blanc entre le Pays guérandais et les "mondes nordiques" .
Le sel , denrée si précieuse au moyen-âge , qui pouvait servir de monnaie d'échange , de salaire , était aussi utilisé pour la conservation et le salage des poissons (hareng , morue, etc..). L'importance du sel dans la conservation des aliments était essentielle à cette époque .
Les Romains, eux,  avaient créé une sauce, le garum, constituée de poisson fermenté et séché au soleil avec du sel.
Une «via salaria» (une route du sel) traversait une partie de l'Europe et servait à alimenter marchands et commerçants de l'époque, tandis que les gestionnaires de ce commerce (salari) étaient payés d'une allocation en sel, le salarium (d'où est issu notre «salaire» d'aujourd'hui). 


Et n'oublions pas la gabelle (impôt sur le sel) qui , de tous les impôts de l'Ancien Régime fut un des plus mal aimés ,car il était de tous le plus injuste .
Mise au point par Philippe VI (ordonnances de 1341 et de 1343), elle ne cessa d'être perfectionnée jusqu'à la Révolution, qui l'abolit. 


Pourquoi un impôt injuste?



Par exemple, dans certaines provinces frontalières du Nord et du Sud-Ouest ainsi qu'en Bretagne, la gabelle n'existait pas . Très faible dans le Cotentin,  c'était en fait un prélèvement de 25 p. 100 sur les producteurs, les 75 p. 100 restants faisant l'objet d'un commerce libre (régime du « quart-bouillon »).
Il y avait aussi les pays rédimés (une partie du centre et du centre-ouest du royaume), où l'impôt était léger . En résumé , on voit que la France était partagée en six circonscriptions où le prix de la livre de sel (488 g) allait, vers 1780, d'un denier à treize sols (156 deniers).


Conclusion  


Le sel ,en permettant la conservation des aliments a rendu possible les grandes expéditions lointaines. 
C'est une denrée essentielle à la survie de l'Homme qui a su s'en servir au cours de l'Histoire comme monnaie d'échange ou de paiement.
On fait remonter l'origine de sa découverte au premier âge de fer et dans la plupart des civilisations, il a joué un immense rôle commercial et économique .




http://www.ledevoir.com/loisirs/alimentation/3070/fleur-de-sel-les-cristaux-d-or-blanc



Un autre article intéressant :

La Rochelle est la seule ville française faisant partie de la Hanse (ligue hanséatique) du Nouvel-Âge.







La Hanse (encore appelée ligue hanséatique) était une association regroupant des marchands de plusieurs ports et villes du Nord de l’Europe du Moyen-Âge au XVIIème siècle.
Bien qu’elle ne fût jamais une ville hanséatique, La Rochelle resta un comptoir important sur la façade atlantique et un allié protestant.

"Au fond d'une anse, abritée par trois îles, Oléron, Aix et Ré, La Rochelle a, dès sa naissance au Xème siècle, fondé sa renommée sur l'océan pour devenir l'un des principaux ports de la façade atlantique (8e port français en 2004 pour l'ensemble de l'activité avec 7 millions de tonnes). 
Après la ruine de Châtelaillon en 1130-1131, les comtes de Poitiers transforment La Rochelle, bourgade de pêcheurs, en ville nouvelle, qui sera entourée de remparts dès 1173. À partir de La Rochelle, c'est l'ensemble de l'Aunis qui entreprend la mise en valeur de ses ressources : les défrichements fournissent les terres au vignoble, l'exploitation du sel se poursuit. Dès le XIIe siècle, La Rochelle, avec Bordeaux et Bayonne, concentre le négoce maritime international : Espagne, Angleterre, villes de la Ligue hanséatique, mer Baltique. Un nouveau port est aménagé au fond de la baie. Le cabotage et l'exportation de produits agricoles – blés du Poitou, vins, eaux-de-vie, papier d'Angoumois, sel –, et un vaste arrière-pays relié par la Charente constituent des atouts vis-à-vis de clients d'Europe du Nord. " 







La Hanse disparut à travers les siècles avant de renaître en 1980. On parle de la Hanse du Nouvel-Âge.
L’adhésion de La Rochelle à La Hanse date de 2004. Elle émane de ses relations de jumelage avec la ville de Lübeck, capitale des villes hanséatiques, qui l’a invitée à intégrer cette ligue moderne pour les liens privilégiés qu’elle entretint avec les villes du Nord, du Moyen Age jusqu’au XVIIIème siècle.
Aujourd’hui, La Ligue internationale des Villes Hanséatiques, ou "La Hanse" représente l’association de villes la plus importante en Europe. Elle regroupe 176 villes, parmi lesquelles, Hambourg, Amsterdam, Anvers, Bruges, Bergen, Lübeck, Brême, Riga, Tallinn, Veliky Novgorod (…) situées dans 16 pays.


Site de la Ligue Hanséatique 

 Les journées hanséatiques de l'âge moderne 

 








La Rochelle est la seule ville française faisant partie de la Hanse.
Les villes de la Hanse se réunissent une fois par an à l’occasion du rassemblement des Villes Hanséatiques. Cet événement a lieu chaque année dans une ville différente selon un calendrier établi jusqu’en 2035. En 2010 ,le rassemblement a eu lieu à Pärnu en Estonie ,en 2011 à Kaunas (Lituanie) .



En 2016 , le rassemblement a lieu à Bergen (Norvège) - http://hansa2016.no/
 
Le Conseil de l’Europe reconnaît la Hanse comme l’une des plus importantes "routes culturelles européennes" pour le lien patrimonial et historique qui unit les pays en faisant partie. 



En 2012, La Rochelle, ( La Rochelle hanséatique: la ville se prépare à fêter son passé au printemps ) avec 26 autres villes hanséatiques ,participera à un projet d’envergure financé par la Commission Européenne qui vise à promouvoir un tourisme durable transnational.
Jusqu’alors, orientée vers le tourisme, la culture, et la jeunesse, la Hanse prend peu à peu conscience de son potentiel économique, et a pour objectif à présent de développer un réseau structuré d’échanges et de partenariat entre les villes hanséatiques.

 
 
 
A lire aussi 
Les échanges commerciaux entre le pays guérandais et les "mondes" nordiques
La ligue hanséatique 

13 avril 1943 : Katyń , la malédiction polonaise



" Le 13 avril 1943, la radio allemande annonce la découverte d'un charnier dans la forêt de Katyń , près de Smolensk, entre Pologne et Biélorussie. Il s'agirait des restes de 4.143 officiers polonais exécutés par les Soviétiques lorsque ceux-ci s'étaient emparés en 1939-1940 de la partie orientale du pays, conformément au pacte germano-soviétique.
Pendant plusieurs décennies, les communistes persisteront à rejeter le crime sur les nazis" ... 


Une révélation gênante
 
Dès l'été 1941, après leur entrée en guerre contre l'URSS, les Allemands découvrent dans la forêt de Katyń les dépouilles de quelques centaines de jeunes officiers polonais en uniforme, assassinés d'une balle dans la nuque et jetés dans des fosses communes. Les découvertes se multiplient dans les premiers jours d'avril 1943.
Le régime hitlérien, qui vient de subir à Stalingrad une cuisante défaite, décide de porter cette découverte sur la place publique avec l'espoir de dissocier les Soviétiques de leurs alliés anglo-saxons.

 L'URSS nie immédiatement l'imputation du crime mais le gouvernement polonais en exil à Londres, dirigé par le général Wladislaw Sikorski, demande dès le lendemain une enquête de la Croix-Rouge internationale. Staline, fâché, rompt les relations diplomatiques avec lui le 23 avril.
Churchill, qui a besoin de Staline pour combattre Hitler, s'émeut de cette écharde au sein de l'alliance... Très opportunément, l'intransigeant Sikorski périt dans un accident d'avion à Gibraltar le 4 juillet 1943.
Pour plus de sûreté et afin d'affaiblir le gouvernement polonais en exil à Londres, Staline crée le 31 décembre 1943 un Comité de Libération Nationale composé de communistes polonais (il sera plus tard appelé «Comité de Lublin»). Ce comité accepte sans sourciller la version soviétique selon laquelle les massacres de Katyn seraient le fait des nazis.

Un crime réfléchi

En attendant, dès mai 1943, une commission de la Croix-Rouge mène une enquête sur place avec l'aide diligente des Allemands. Elle aboutit à la conclusion irréfutable que les massacres ont été commis en avril et mai 1940, au moment où les Soviétiques occupaient la région. Mais par souci de ne pas alimenter la propagande nazie, la Croix-Rouge garde le secret sur le rapport.
Il apparaîtra plus tard que, dès mars 1940, les hommes du NKVD (la police politique soviétique) avaient reçu du Politburo (le gouvernement soviétique) et de son chef Staline l'ordre d'exécuter comme «contre-révolutionnaires» ceux de leurs prisonniers polonais qui appartenaient à l'élite intellectuelle du pays. C'était une mesure motivée d'abord par la volonté de revanche sur la défaite subie par l'Armée Rouge en 1920, ensuite et surtout par la volonté de préparer la mainmise soviétique sur la Pologne en éliminant d'emblée les fortes têtes susceptibles de s'y opposer !
C'est ainsi que sont exécutés à Katyń plusieurs milliers d'officiers extraits du camp de Kozielsk. Des massacres similaires ont lieu dans d'autres forêts du pays... On évalue au total à 22.000 le nombre d'officiers et de jeunes gens issus des élites intellectuelles et politiques du pays sommairement exécutés dans l'ensemble de la zone occupée par les Soviétiques.






 Katyń et la guerre froide

Après la guerre, lors du procès de Nuremberg, les procureurs soviétiques tentent de faire inscrire le massacre de Katyń parmi les crimes de guerre imputables aux accusés nazis. Le tribunal se refuse heureusement à cette mascarade qui eut jeté le doute sur l'ensemble du dossier d'accusation.
Pendant plusieurs décennies, les Soviétiques et le gouvernement communiste de Varsovie vont tenter contre vents et marées d'effacer le souvenir de Katyn, allant jusqu'à ériger en symbole de la barbarie nazie un village homonyme, Khatyn, rasé par les Allemands.
Il faut attendre la fin de la guerre froide et l'année 1990 pour que Mikhaïl Gorbatchev reconnaisse enfin la responsabilité des Soviétiques.Katyń s'inscrit donc dans une longue liste d'agressions du grand frère russe à l'encontre de la Pologne. Ce lourd passé explique l'attachement de la Pologne post-communiste aux États-Unis et à l'OTAN, seules puissances capables de la protéger des menaces venues de l'est.


Quand le crime paie... 
Notons pour conclure que Staline a, d'une certaine manière, hélas, atteint son but : par le massacre délibéré des Polonais instruits, de concert avec Hitler, il a transformé le visage de la Pologne.
Celle-ci était avant la Seconde Guerre mondiale une société relativement moderne, tirée par des élites urbaines attachées à la laïcité, qu'elles fussent juives ou catholiques. Leur massacre délibéré et leur remplacement par des nouveaux venus issus du monde rural ont fait de la Pologne, en l'espace de deux générations, une société anachronique au cœur de l'Europe, attachée à la petite propriété paysanne et à une pratique religieuse traditionnelle, sinon passéiste.
Il a fallu attendre l'avènement de Karol Wojtyla (Jean-Paul II), la chute de l'URSS et l'adhésion de Varsovie à l'Union européenne pour que change cet état de fait.

Article écrit par Benjamin Fayet et André Larané sur le site de herodote.net
Vous trouverez aussi sur le site "herodote.net" une archive vidéo de l'INA sur la découverte en URSS ,à Smolensk , des corps de 10.000 prisonniers de l'armée polonaise assassinés par les Soviets le 13 avril 1943 .


Je vous renvoie aussi vers le post que j'avais fait le 7 août 2009 : en 2007, le grand cinéaste Andrzej Wajda a tiré de ce drame un film témoignage remarquable "Katyń " . Son propre père a été l'une des victimes du massacre de Katyń .


  

12 Avril 2010 :
A la veille de la date anniversaire de la découverte de la tragédie de Katyn , et 2 jours après la mort du Président polonais Lech Kaczynski dans un accident d'avion (le 10 avril 2010 près de Smolensk) , on ne peut s'empêcher de penser que"la malédiction polonaise de Katyn vient une fois encore de frapper la Pologne ,car le plus tragique est que l’avion présidentiel transportait également vers Katyn des familles des 22 000 membres de l’élite polonaise qui y avaient été massacrés par les soviétiques au printemps 1940". Propos tirés du blog "Gilles en Lettonie" .


Autre site sur le "Massacre de Katyń"


mardi 8 mars 2022

8 mars 1917 : la Révolution de Février en Russie


Le tsar Nicolas II en famille,avec la tsarine,leurs quatre filles et le tsarévitch


Le 8 mars 1917, à l'occasion de la Journée des femmes, des travailleurs défilent paisiblement à Petrograd.
La manifestation se dégrade très vite. Elle entraîne en quelques jours l'effondrement du régime tsariste. Une semaine plus tard, Nicolas II abdique et laisse la place à une République démocratique. Celle-ci s'effondrera à son tour neuf mois plus tard, laissant le pouvoir aux bolcheviques...


Un effondrement brutal
Les difficultés d'approvisionnement liées au froid poussent un grand nombre d'ouvriers des usines Poutilov, les plus importantes de la ville, à faire grève et à se joindre au défilé. Ils réclament du pain, la paix et... la République ! Des cris fusent : "A bas l'autocratie".

Cette manifestation pacifique marque le début de la fin pour Nicolas II. Le tsar est englué dans les difficultés de la Grande Guerre, qu'il a contribué à provoquer trois ans plus tôt.

Dans la capitale russe, les manifestations se succèdent et s'amplifient les jours suivants.

Le dimanche 11 mars, l'armée fait face à 200.000 manifestants. Les officiers obligent alors les soldats à "viser au coeur". On relève 40 morts. Mais le lendemain, soldats et ouvriers fraternisent. Ils créent le Soviet (ou conseil) des ouvriers et soldats de Petrograd.

Emmenés par le populaire avocat Alexandre Kerenski, les députés socialistes de la Douma se rallient au Soviet de Petrograd. Le 15 mars, ils confient le gouvernement à un noble libéral, le prince Lvov. Dans la soirée, le tsar abdique. Son frère, le grand-duc Michel, ne souhaite pas le remplacer. C'en est fini de l'Empire et de la dynastie des Romanov.

Au terme de ces Cinq Jours, au prix d'un nombre limité de victimes, la Révolution a vaincu.
Malgré la poursuite de la guerre, la Russie va vivre dans les mois suivants dans une très grande euphorie démocratique, mais celle-ci sera minée par les agissements des bolcheviques, les partisans de Lénine.

Le 29 juin, une manifestation violente téléguidée par celui-ci sert de prétexte à Kerenski pour réprimer les extrémistes qui menacent la démocratie. Lénine abandonne ses partisans et s'enfuit sous un déguisement en Finlande. Il finira par s'emparer du pouvoir par le coup d'État du 6 novembre 1917.

La première Révolution russe est dite de Février parce qu'elle s'est déroulée en février selon le calendrier julien en vigueur en Russie jusqu'en 1918 ; la seconde, qui va déboucher sur la dictature de Lénine, est dite d'Octobre.

Pour lire l'intégralité de l'article :

jeudi 3 mars 2022

27 février-6 mars 1943 : ces femmes courageuses de la Rosenstraße



La Rosenstraße (la rue des roses) est le nom d'une rue de Berlin, qui vit à partir du 27 février 1943 jusqu'au 6 mars 1943 une importante manifestation d'épouses allemandes à la suite de l'arrestation de leurs maris et enfants de croyance juive. La manifestation conduisit à la libération des maris et enfants arrêtés.

Le 27 février 1943, les nazis raflent à Berlin les derniers Juifs de la ville. Il s'agit pour la plupart d'hommes mariés à des femmes de souche «aryenne», autrement dit «de bonne race allemande». Plusieurs centaines attendent dans un bâtiment de la Rosenstraße d'être déportés dans un camp d'extermination. Mais leurs épouses vont obliger le pouvoir à faire marche arrière.

Des Allemands face à l'horreur
 
À la veille de ce drame, la plupart des Juifs encore présents en Allemagne au début de la Seconde Guerre mondiale ont déjà été déportés dans des camps d'extermination dans le cadre de la Solution finale mise au point par Hitler et ses sbires.
Seuls ceux mariés à des non-juifs - en allemand, les Mischehen - ont été provisoirement épargnés, ainsi que leurs enfants - les Mischlinge. Ils sont au nombre de 20.000 environ, dont la moitié à Berlin. Dépouillés de l'essentiel de leurs biens et chassés de leur profession, ils sont astreints aux travaux forcés dans des usines de munitions.
L'administration nazie est gênée dans son œuvre de mort par les liens affectifs qui rattachent ces juifs aux autres Allemands. Elle s'efforce par tous les moyens de persuader les conjoints non-juifs de demander le divorce et dans ce cas, le conjoint délaissé ne tarde pas à être arrêté et déporté. Mais relativement rares sont les couples qui acceptent ainsi de se séparer.
Cependant, le 31 janvier 1943, les Allemands essuient à Stalingrad une cuisante défaite et le 13 février 1943, à Berlin, devant une foule hystérique, le ministre de la propagande Joseph Goebbels proclame la «guerre totale». Pour Hitler, il n'est plus question d'épargner les derniers Juifs allemands. C'est ainsi que le 27 février 1943, la garde personnelle du Führer arrête les Juifs sur leurs lieux de travail par centaines cependant que des hommes de la sinistre Gestapo (la police politique) se rendent à leur domicile et enlèvent leurs enfants.
Les malheureux sont conduits dans cinq centres de détention au coeur de Berlin. L'un d'eux est situé au 2-4, Rosenstraße (rue des roses). Le bâtiment est à deux pas de la Burgstraße, une rue où se trouve le quartier général de la Gestapo pour les affaires juives.
Le soir, des épouses constatant l'absence de leur mari se rendent devant le centre de détention. Le lendemain, un dimanche, jour chômé, elles sont plusieurs centaines qui crient devant la façade: «Rendez-nous nos maris!» Leurs maris, à travers les murs, leur répondent comme ils peuvent. La manifestation se prolonge les jours suivants et même après la tombée de la nuit, malgré un froid glacial. Elle rassemble par moments plusieurs centaines de personnes dont quelques hommes.
La Gestapo, rapidement alertée, fait intervenir la police. Mais à peine les policiers dispersent-ils le groupe que celui-ci se reconstitue aussitôt. Une brigade SS est appelée à la rescousse. Elle menace de mitrailler les manifestants mais la détermination de ceux-ci ne faiblit pas. Enfin, au bout d'une semaine, Goebbels, de guerre lasse, se résigne à suspendre la rafle des Mischehen.
À partir du 6 mars, les détenus du 2-4, Rosenstraße sont autorisés à rejoindre leur famille.


Bibliographie
Cet épisode peu connu des persécutions antisémites montre que les citoyens allemands pouvaient faire fléchir les nazis et freiner le génocide juif... sous réserve de le vouloir vraiment.
Il a fait l'objet d'un film remarquable : Rosenstraße
On peut lire sur la résistance civile au nazisme le livre très bien documenté de Jacques Semelin : "Sans armes face à Hitler, la résistance civile en Europe 1939-1943" (préface de Jean-Pierre Azéma, Bibliothèque historique Payot, 1989, 270 pages).
De ce livre est tiré le récit ci-dessus.
André Larané


Sources :
http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19430227
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rosenstra%C3%9Fe