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jeudi 24 mars 2022

Les échanges commerciaux entre le pays guérandais et les "mondes" nordiques .




C'est en faisant des recherches sur François Guillemot de la Villebiot , aide de camp du tsar Pierre le Grand , que j'ai découvert un site qui parle des échanges commerciaux entre le pays guérandais et les mondes nordiques de la fin du Moyen-Âge aux Temps modernes.( je n'ai pas retrouvé ce site ,il ne doit plus exister)
Cela se passait aux temps lointains où Tallinn s'appelait Reval , et où elle faisait partie de la ligue hanséatique .


Qui sont ces mondes nordiques ?


Il s'agit de l'ensemble des pays d'Europe situés au nord de l'Allemagne et de la Pologne et à l'ouest de la Russie, qui, après avoir été longtemps séparés de nous par des frontières quasi-infranchissables (dont le "rideau de fer" de 1945 à 1990), se retrouvent depuis une quinzaine d'années dans un même espace géopolitique, qu'ils soient membres de l'Union Européenne et de l'OTAN ou associés. 
Ces pays partagent tous désormais avec nous les mêmes valeurs de démocratie et de liberté. Mieux les connaître, c'est mieux connaître l'Europe qui est devenue notre patrie commune et qui joue un rôle toujours plus grand dans notre vie quotidienne.
À travers la littérature et les livres, nous continuons ainsi de resserrer nos liens culturels avec des pays et des peuples que nous ne connaissons pas assez et avec lesquels la Bretagne et en particulier le pays guérandais ont eu autrefois des relations suivies, principalement grâce au sel.

Au Moyen Âge, le sel ( l'or blanc) faisait l'objet d'un commerce intensif . Chaque année , des flottes immenses appareillaient des ports de la Baltique pour naviguer vers le sud et jeter l’ancre près des côtes dans la baie du sud de l’estuaire de la Loire, face à Noirmoutier ou plus bas dans les parages de l’île de Ré, à Saint Martin, ou dans l’estuaire de la Seudre ou à Brouage. Ces navires descendaient parfois plus au sud dans les salines espagnoles ou portugaises. 


Il y a eu pendant plusieurs siècles, de la fin du Moyen Âge aux Temps modernes, le transport et la vente du sel de la baie de Bourgneuf et de la presqu'île guérandaise dans les pays riverains de la mer du Nord et de la mer Baltique, longtemps sous l'égide de la puissante Ligue Hanséatique.
Ce n’est qu’en 1369 que de petites quantités de sel breton apparaissent pour la première fois dans les registres douaniers de Hambourg. Un véritable courant commercial vers la mer Baltique ne s’instaura qu’à la fin du XIVe siècle, d’abord à l’initiative des gens de Hambourg, puis de négociants de Livonie et enfin de ceux de Lübeck , tous intéressés par cette nouvelle source d’approvisionnement à la fois bon marché et de bonne qualité.

Dans son livre sur "Le commerce maritime breton à la fin du Moyen Âge" (Paris, 1967), Henri Touchard a écrit : "Marins et marchands des mers nordiques s’intéressent, en Bretagne surtout, à la baie de Bourgneuf, pour laquelle s’ouvre un siècle de prospérité, malgré les multiples conflits qui opposent les différentes nations qui la fréquentent."

En 1408, 24 ou 25 grosses hourques ( bateaux de transport à fond plat en usage dans les mers du Nord), sont ancrées au Collet, malgré l’effacement momentané des Hanséates qui ne reparaissent qu’en 1409 après la liquidation de la crise avec l’Angleterre.

Chaque année à Reval (Tallinn, capitale de l'Estonie), les navires arrivant de la Baie sont plus nombreux. De 1427 à 1433, ils forment près de 36% du trafic et amènent annuellement 2 500 last de sel, 83% du total. ( le last a été l'unité de tonnage de la mer du Nord pendant plusieurs siècles. En Hollande au 18e siècle : 1 last = 4000 liv. 1 tonne = 2000 liv.)
Au 15ème siècle, plus de 100 cargaisons de sel sont arrivées dans le port de Tallinn. Il était transporté sans emballage à l'intérieur des navires . Une fois le sel arrivé à destination , il était rapidement chargé dans de plus petits bateaux qui le transportaient sur la rive. Ensuite, les voitures emportaient le sel vers la maison de pesage (Vaekoda) sur la place de la mairie (Raekoda Plats) où il était écrasé, pesé et divisé en petits sacs. La plupart étaient vendus à Novgorod (Russie) , en Finlande et en Suède.
Le bénéfice obtenu à partir du commerce du sel était investi dans les murs et les maisons de Tallinn. C'est la raison pour laquelle il y a un dicton à Tallinn qui dit : "Tallinn est une ville construite sur le sel" - "Ongi Tallinn soolale ehitatud linn."


En 1438, la flotte hanséatique de la baie compte 34 navires et en 1442 Reval avec 59 navires de sel, atteint le total le plus haut du siècle.
Toutes les villes hanséatiques participent au trafic : les Hambourgeois arrivés les premiers ont été rejoints par les marins de Lübeck qui, en 1442, assurent l’essentiel du trafic de Reval et ceux de Wismar et des ports prussiens et livoniens. 
Sur 1 700 navires entrés dans le port de Reval entre 1426 et 1496, 1 216 transportaient du sel breton et près du tiers venaient directement de la baie de Bourgneuf. 
Les historiens estiment à environ 5 000 tonnes la quantité de sel breton qui transitait alors par le Sund, c’est à dire le détroit situé entre le Danemark et la Suède. Des marchands de Riga venaient prendre le sel à Reval pour le revendre à Dorpat (Tartu en Estonie)  et à Narva (Estonie).
Le transport et le négoce du sel furent très longtemps le quasi-monopole des Hanséates et les navires bretons ne jouaient qu’un rôle de “rouliers” c’est à dire de transporteurs pour le compte d’armateurs le plus souvent étrangers.
Le premier navire breton à se risquer dans la Baltique n’est signalé qu’en 1535. Il ne put donc y avoir d’échanges directs entre des marins et commerçants bretons avec des habitants des villes baltes recevant du sel de la Baie, comme Reval, et encore moins avec les marchés russes de Novgorod, Smolensk et autres, où étaient présents des Hanséates.

Dans la seconde moitié du XVe siècle, on assiste à un déclin des Baienfahrten( = convois de navires). “De 1479 à 1483, 37 navires chargés de sel de la Baie entrent en moyenne à Reval, après 1484, 20, et certaines années, comme en 1485 et 1493, aucun arrivage n’est signalé.
Certes les difficultés politiques s’accumulent : les Hanséates subissent tous les contrecoups des guerres et sont la cible aussi bien des pirates anglais que danois, espagnols ou français. Même avec la Bretagne, malgré le sauf-conduit de sept ans que François II leur accorde le 15 avril 1477, le traité de commerce qu’il signe en janvier 1479 et la paix de dix ans que conclut en son nom Antoine Baudin à Bruges, les relations ne sont pas sans heurts.”

L'exportation de sel breton vers les pays nordiques a continué encore, modestement, jusqu'au XIXe siècle, et on en a un témoignage dans la littérature. 
Dans son roman Béatrix, publié au printemps de 1839 dans le journal Le Siècle, Honoré de Balzac (1799 - 1850)  fait dire à un de ses personnages : "... Vous m'avez tant parlé des difficultés de la route que je vais essayer d'arriver au Croisic par mer. Cette idée m'est venue en apprenant ici qu'il y avait un petit navire danois déjà chargé de marbre qui va y prendre du sel en retournant vers la Baltique..." 
On sait que Balzac séjourna au Croisic et à Guérande en juin 1830 et cette évocation du passage d'un navire danois est certainement liée à un souvenir personnel.


Le sel n'a pas été la seule marchandise voyageant par mer entre la Bretagne et les pays nordiques.
Il y a eu les graines de lin importées des régions baltiques jusqu'à la fin du XIXe siècle pour la culture de cette plante textile (dont les graines dégénéraient en Bretagne); il y a eu la rogue ( appât à base d'œufs de poissons salés ) utilisée par les marins-pêcheurs bretons; il y a eu, jusqu'à aujourd'hui (sur la zone portuaire de Nantes Cheviré), l'importation des bois du nord; il y a eu la pénétration de capitaux scandinaves dans l'industrie bretonne (comme le rachat de la firme nantaise Clergeau par le groupe Svenska Cellulosa)...


J'ai retracé ici (en retranscrivant ce que j'ai lu sur divers sites ) une toute petite partie de l'Histoire du commerce de l'or blanc entre le Pays guérandais et les "mondes nordiques" .
Le sel , denrée si précieuse au moyen-âge , qui pouvait servir de monnaie d'échange , de salaire , était aussi utilisé pour la conservation et le salage des poissons (hareng , morue, etc..). L'importance du sel dans la conservation des aliments était essentielle à cette époque .
Les Romains, eux,  avaient créé une sauce, le garum, constituée de poisson fermenté et séché au soleil avec du sel.
Une «via salaria» (une route du sel) traversait une partie de l'Europe et servait à alimenter marchands et commerçants de l'époque, tandis que les gestionnaires de ce commerce (salari) étaient payés d'une allocation en sel, le salarium (d'où est issu notre «salaire» d'aujourd'hui). 


Et n'oublions pas la gabelle (impôt sur le sel) qui , de tous les impôts de l'Ancien Régime fut un des plus mal aimés ,car il était de tous le plus injuste .
Mise au point par Philippe VI (ordonnances de 1341 et de 1343), elle ne cessa d'être perfectionnée jusqu'à la Révolution, qui l'abolit. 


Pourquoi un impôt injuste?



Par exemple, dans certaines provinces frontalières du Nord et du Sud-Ouest ainsi qu'en Bretagne, la gabelle n'existait pas . Très faible dans le Cotentin,  c'était en fait un prélèvement de 25 p. 100 sur les producteurs, les 75 p. 100 restants faisant l'objet d'un commerce libre (régime du « quart-bouillon »).
Il y avait aussi les pays rédimés (une partie du centre et du centre-ouest du royaume), où l'impôt était léger . En résumé , on voit que la France était partagée en six circonscriptions où le prix de la livre de sel (488 g) allait, vers 1780, d'un denier à treize sols (156 deniers).


Conclusion  


Le sel ,en permettant la conservation des aliments a rendu possible les grandes expéditions lointaines. 
C'est une denrée essentielle à la survie de l'Homme qui a su s'en servir au cours de l'Histoire comme monnaie d'échange ou de paiement.
On fait remonter l'origine de sa découverte au premier âge de fer et dans la plupart des civilisations, il a joué un immense rôle commercial et économique .




http://www.ledevoir.com/loisirs/alimentation/3070/fleur-de-sel-les-cristaux-d-or-blanc



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