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dimanche 27 septembre 2009

29 septembre 1941 : Le massacre de Babi Yar


Les 29 et 30 septembre 1941, à Kiev, pas moins de 33.000 juifs de tous âges et des deux sexes sont tués au lieu-dit Babi Yar (le «ravin de la vieille femme» en yiddish). Peu de batailles dans l'Histoire atteignent une telle intensité de mort en deux jours et même les chambres à gaz d'Auschwitz, l'année suivante, n'y arriveront pas !


Le ravin de la mort

Le drame survient dix jours après l'entrée des troupes allemandes dans la capitale de l'Ukraine soviétique. La ville compte alors 900.000 habitants dont 120.000 juifs environ. Ces derniers ont été convoqués à Babi Yar le 28 septembre, veille de la fête juive du Yom Kippour, par les autorités allemandes et menacés d'exécution sur place en cas de désobéissance.

Croyant à un départ vers un camp quelconque, les juifs sont immédiatement conduits par groupes de dix vers le bord du ravin, obligés de se dévêtir et massacrés à la mitrailleuse. Les rescapés du premier massacre et beaucoup d'autres Ukrainiens vont être tués à leur tour et jetés dans le ravin au cours des mois suivants, au rythme de deux jours de tuerie par semaine.
Au total, c'est plus de 90.000 personnes qui périront ainsi à Babi Yar. Le site, aujourd'hui boisé, est devenu un lieu de mémoire et de recueillement.

Les «Einsatzgruppen»

Le massacre de Babi Yar est l'un des crimes les plus représentatifs commis par la Schutzstaffel (SS), le corps d'élite nazi.
Au printemps 1941, lorsque Hitler déclenche l'opération «Barbarossa» et lance la Wehrmacht à l'assaut de l'URSS, quatre détachements spéciaux de SS suivent l'armée allemande en Pologne puis en URSS. Ils entreprennent de «nettoyer» l'arrière pour éviter que des francs-tireurs ne s'en prennent aux soldats. Pour cela, ils fusillent préventivement les commissaires politiques du parti communiste et les juifs en âge de combattre.
Sur le terrain, ces «groupes mobiles d'intervention» ou Einsatzgruppen se font assister par des supplétifs locaux : pauvres hères, brutes et/ou nationalistes ukrainiens ou baltes désireux de prendre une revanche sur les Russes. Ils emmènent leurs victimes à l'écart des bourgs et des villes, leur font creuser une fosse et, au bord de celle-ci, leur tirent une balle dans la nuque.


Le «génocide par balles»


Très vite, dès le mois d'août 1941, avec l'encouragement tacite mais non formel des chefs de la SS, Himmler et Heydrich, qui multiplient les visites d'inspection sur le terrain, les Einsatzgruppen étendent leur action aux femmes et aux enfants juifs.


Dans l'esprit de leurs commandants (Ohlendorf, Naumann, Blobel, Braune,...), jeunes intellectuels pourvus de doctorats éminents, il s'agit rien moins que de légitime défense : considérant que les Juifs sont irrémédiablement hostiles aux Allemands, on ne peut se contenter de tuer les hommes adultes ; il faut exterminer aussi les enfants à titre préventif afin qu'ils ne vengent pas leurs parents !
Les massacres, souvent filmés et photographiés par les bourreaux SS eux-mêmes, prennent une dimension apocalyptique, comme à Babi Yar. Mais ils ne sont pas non plus sans conséquence sur le psychisme et l'équilibre des bourreaux, si durs que soient ces derniers. Même Himmler est sujet à un malaise en assistant à une exécution. Les SS et leurs supplétifs sombrent dans l'alcoolisme (la gnôle aidant à supporter les tueries), dans la dépression et parfois le suicide.
Conscient de cet inconvénient, le commandant d'un Einsatzgruppe qui a participé précédemment, en Allemagne, à l'élimination par le gaz des handicapés mentaux, suggère l'extension de cette méthode aux juifs.
Un premier site d'extermination utilisant le gaz d'échappement des camions est ouvert à Chelmno (ou Kulmhof), au centre du Gouvernement Général de Pologne, pendant l'été 1941. Les premiers essais ne sont pas très concluants : les malheureux tardent à mourir et la vision de leurs souffrances éprouve encore davantage les bourreaux que la balle dans la nuque ! On y remédie et dès l'automne 1941, une vingtaine de camions à gaz fonctionnent dans les zones enlevées aux Soviétiques.
L'extermination (le mot «génocide» est d'un emploi plus tardif) se poursuit tant et si mal qu'en décembre 1941, le commandant de l'Einsatzgruppe du nord peut aviser ses supérieurs que les trois pays baltes sont désormais «judenrein» (débarrassés des Juifs), y compris Vilnius, naguère surnommée avec fierté par ses habitants la «Jérusalem du nord».
À la fin de l'année 1941, 300.000 à 400.000 Juifs, hommes, femmes et enfants, ont déjà été assassinés de différentes façons. Pour les chefs nazis, Himmler et Heydrich, le moment est venu d'en finir avec l'empirisme et d'en passer à la phase ultime, à dimension industrielle, avec camps d'extermination et chambres à gaz. Ce sera la «solution finale de la question juive» (en allemand : Endlösung der Judenfrage).
Les exécutions de masse se poursuivent en parallèle sur les arrières de la Wehrmacht, en Pologne et en URSS. Elles feront au total environ 1.500.000 victimes tout en ne mobilisant qu'un maximum de 3.000 tueurs, dont une grande majorité de supplétifs locaux !


Les bûchers de l'oubli


À l'hiver 1942-1943, l'armée allemande subit une défaite brutale à Stalingrad et entame sa retraite. Dans le même temps, en avril 1943, les Allemands découvrent les fosses communes de la forêt de Katyn, où les Soviétiques ont trois ans plus tôt exécuté plusieurs milliers de jeunes officiers polonais. Ils ne se font pas faute de dénoncer le crime de leurs ennemis mais, dans le même temps, prennent conscience de l'impact que pourrait avoir la découverte de leurs propres fosses...


Pour les Einsatzgruppen, la priorité est dès lors de faire disparaître les traces du crime. Les SS recherchent les fosses communes, les font ouvrir par leurs supplétifs et font brûler les cadavres. Avec l'Armée rouge sur les talons, ils ne peuvent achever ce travail...
Après la guerre et le premier procès de Nuremberg, réservé aux principaux dignitaires nazis, les Américains ouvriront de nouveaux procès à Nuremberg pour juger les responsables des Einsatzgruppen. Les quatre commandants (Ohlendorf, Naumann, Blobel, Braune) seront condamnés à mort le 10 avril 1948 et pendus en 1951. Bien plus tard, le prêtre français Patrick Desbois aura à coeur de retrouver les fosses communes et de recueillir les ultimes témoignages afin que nul n'ignore ce «génocide par balles».
Michaël Prazan a réalisé en 2009 pour France 2 un remarquable documentaire de 3 heures sur les Einsatzgruppen.
André Larané

Témoignage

Hermann Graebe, directeur d'une entreprise de construction au service de l'armée allemande en Ukraine, a décrit au procès de Nuremberg une tuerie à laquelle il a assisté le 5 octobre 1942, près de Dubno :
«J'entendis alors des coups de fusil se succéder rapidement, provenant de derrière un des monticules de terre. Les gens qui étaient descendus des camions - hommes, femmes et enfants de tous âges - devaient se dévêtir sur les ordres d'un SS qui avait un fouet de cheval ou de chien. Ils devaient poser leurs vêtements à des endroits déterminés (...). Je vis un tas de chaussures de 800 à 1000 paires, d'immenses piles de linge de corps et de vêtements.
«Sans crier, sans pleurer, ces personnes se déshabillaient, se groupaient par familles, s'embrassaient les unes les autres, se disaient adieu et attendaient le signe d'un autre SS qui se tenait près de la fosse, également un fouet à la main. Pendant le quart d'heure que je restai là, je n'entendis ni plainte ni appel à la pitié. J'observais une famille d'environ 8 personnes, un homme et une femme d'une cinquantaine d'années avec leurs enfants d'environ 1, 8 et 10 ans et deux grandes filles de 20 et 24 ans environ (...). Le père tenait par la main un petit garçon d'une dizaine d'années et lui parlait doucement (...). À ce moment, le SS qui se trouvait près de la fosse cria quelque chose à son camarade. Ce dernier compta environ 20 personnes et leur dit d'aller derrière le monticule de terre. Parmi elles était la famille que j'ai mentionnée.
«(...) Je fis le tour du monticule et me trouvai en face d'une énorme fosse. Les gens étaient étroitement serrés les uns contre les autres et les uns sur les autres, de sorte que seules les têtes étaient visibles. Presque tous avaient du sang qui coulait de leur tête sur leurs épaules. Quelques-uns de ceux qui avaient été fusillés remuaient encore (...)» .



Source : http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19410929

samedi 26 septembre 2009

Colloque « Lumières d’Europe, entre ciel et terre »






Colloque organisé par l’Académie Universelle de Montmartre et l’association Montmartre en Europe

le 24, 25 et le 26 septembre 2009 à Paris


Au programme :


Troisième rencontre poétique internationale
samedi 26 septembre 2009 de 10 à 12 h
à la Mairie du 9ème arrondissement
6, rue Drouot 75009 Paris


Introduction par Zygmunt Blaszynsky. Asa Ericsdotter (Suède), l'oeuvre et la poésie de Hando Runnel (Estonie) présentée par Tarah Montbélialtz, Vladas Braziunas (Lituanie), Aline Dorosz (France/Ukraine), Lambert Schlechter (Luxembourg) présenté par Werner Lambersy.


La conférence : La marche exemplaire des pays baltes vers l’indépendance, par Antoine Jacob
samedi 26 septembre 2009 de 17h45 à 18h55
à la Mairie du 9ème arrondissement
6, rue Drouot, 75009 Paris


La projection du film La voie balte (Estonie, 1989, v.o.s.f, 30’)
samedi 26 septembre à 16h
dimanche 27 septembre à 16h
à l’Espace UVA
9, rue Duc – 75018 Paris


Programme complet du colloque :


Pour plus d’informations :
Tél : 01 42 64 67 64


samedi 19 septembre 2009

Grippe H1N1 : "face à la pandémie , sommes nous prêts ?"


Voici un article paru dans la NR de Tours le 16 septembre 2009.
A la question posée par le journaliste Thierry Noël , "face à la pandémie ,sommes nous prêts", le Pr Alain Goudeau , chef du service de virologie du CHU de Tours répond :"pas vraiment ".

"C 'est l'hystérie collective organisée par les politiques, une spirale infernale montée par ceux qui pensent que la politique se fait à la télé, alors que la pandémie de l'hiver 1968 était passée inaperçue".
Face à la grippe, le Pr Alain Goudeau n'est pas du genre à mettre son mouchoir dans sa poche !
Manque de moyens ?
Le chef du service virologie du CHU – qui, en 1976, a participé à la mise au point du vaccin contre l'hépatite B – tient un discours très critique à l'endroit des décideurs : " Ils sont comme les généraux de la ligne Maginot alors que sur le terrain, on est à la mine, avec un manque criant de moyens. "
Au CHU, les réunions se suivent, mais le Pr Goudeau parle de " formidable duperie puisqu'aucuns moyens supplémentaires ne sont déployés. Les professionnels n'ont plus de marge et on ne compensera pas les déficits en personnels. On sera amené à faire des choix prioritaires de soins. "

Quelles stratégies ?
"Pour la forme grave, 40 % des cas sont des gens en bonne santé, ce qui est inhabituel et complique la prise en charge. Le réflexe des généralistes est d'envoyer les patients à l'hôpital alors que nous ne sommes pas prêts. Pour l'instant, on n'a rien de plus que les stocks périmés de Tamiflu de la grippe aviaire, sauf que ce médicament est excellent préventivement. Lorsque les premiers signes apparaissent, son bénéfice est faible. Nous ne disposons d'aucun moyen diagnostic et les tests sont compliqués. On en fait 25 par semaine, on pourra en faire 50, mais pas plus. Les DDASS font comme si on était désœuvré ! Et fermer les écoles, c'est ridicule ! Pour la grippe saisonnière, tous les enseignants ont des cas dans leur classe, sans pour autant fermer ! "

Et le vaccin ?
"La question de la vaccination saisonnière va se poser, et on peut vacciner. Pour le nouveau variant, octobre sera peut-être trop tard, et ces vaccins peuvent poser problème car ils ne sont pas tous fabriqués de la même manière : d'ailleurs, j'émets de gros doutes sur le vaccin chinois. On attend des réponses à la fois sur la sécurité et sur l'efficacité, mais les autorisations vont prendre du temps. Le virus n'a aucune raison de muter car les sujets majoritairement touchés sont naïfs. La question de sa survie se posera uniquement lorsqu'on sera tous infectés ! "

Faut-il cibler les populations à vacciner ?
"Là aussi il y a débat. La pathogénie concerne les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, les sujets fragiles comme les asthmatiques, les diabétiques, les malades cardio-vasculaires. Mais la ministre fait des listes financières."

Propos recueillis par Thierry Noël , source NR .

Journal de route d'un combattant de la guerre 14-18 : n°7 ,le front de St Quentin






 7ème partie :"le front de Saint Quentin "


Le 5 décembre 1917 , nous quittons notre cantonnement de Hartennes-Taux et passons par Soissons, où nous couchons dans la cathédrale St Jean des Vignes ,qui est en ruines .Nous continuons notre "randonnée" par Berny-Rivière ,Noyon-Matigny et arrivons dans les bois d' Holnon, où nous mettons nos pièces en position de tir. L'ennemi a l'intention d'attaquer ce secteur et nous "l'arrosons" d'une quantité industrielle d'obus .Mais l'ennemi ne réagit pas ,car il voudrait s'emparer de Cambrai. C'est pourquoi ,nous changeons de position et allons nous installer au "Grand-Seraucourt ,où nos tirs seront plus efficaces . Nous y restons du 13 au 27 décembre 1917 ,et revenons ensuite à Guiscard , Carlepont, Ressons le long . La neige tombe ,épaisse ,nous ne voyons pas à 20 mètres ,et sommes arrivés près de Saint Quentin.
Nous "arrosons" l'ennemi de notre mieux avec nos obus chargés de cheddites (explosifs) ,et d'air liquide. Nous tirons sur St Quentin,et les veilleurs allemands de la Tour de St Martin doivent redescendre de cette tour par le chemin le plus rapide ! Nos positions de pièces sont installées alors près de la voie de chemin de fer de St Quentin-Paris ,c'est pourquoi il faut nous rendre en 1ère ligne et passer de longues heures à observer nos tirs avec des périscopes. Les Allemands nous tirent dessus car ils nous ont vus ,et il y a de la "casse" parmi les blessés.
Il fait un froid terrible ,les renards viennent jusqu'à nos cagnats (la cagnat est une tranchée couverte qui abritait les poilus ), et chaque matin, il me faut porter un pli au commandement qui se trouve dans un village à 5 kms de nos positions . Pour cela , je dois partir à 4h du matin pour revenir au petit jour vers 7h1/2 afin de ne pas être vu des Allemands .Souvent ,je tombe dans un trou d'obus recouvert de neige ou de glace , je suis trempé et j'ai froid .Les fusées éclairantes illuminent ce "décor" de neige et il me faut mettre des repères pour trouver mon chemin.

Le 27 décembre 1917 , nous changeons de secteur et repassons à Soissons le 31 décembre .C'est le jour de l'an . Je le passe péniblement ,je suis de garde dans la neige au pied des canons et des caissons , il fait -20°,avec 20 cm de neige .
Épuisés de fatigue ,nous repartons par étapes au Grand Rozoy (Aisne). Nous faisons halte en pleine campagne , nous nous retrouvons le long de grands murs de ferme en ruines ,nous couchons à même la neige , allumons de vieilles planches et faisons du feu . Cela ressemble à la campagne de Russie. Nos effets sont raides , gelés, nos souliers sont ouverts en deux ,éclatés par le gel .Nous les réparons en enroulant autour de chaque soulier du fil téléphonique , c'est la grande misère . Notre barbe , nos cheveux sont gelés , des glaçons pendent de notre nez .
Les chevaux ont le poil glacé ,nous sommes couverts de givre . Lorsque nous passons devant un hôpital de l'arrière ,les blessés et les infirmières nous jettent des pièces de monnaie et des cigarettes ,tellement nous sommes en haillons et nos capotes recouvertes de boue gelée .
Les chevaux et les hommes dorment en marchant et notre camarade Masson s'est endormi et s'est effondré sur la route . Il n'en peut plus ,nous l'avons attaché avec une corde sur un caisson,et le froid l'a saisi !
Quelle misère !... et avec cela ,nous sommes couverts de poux !... qui nous dévorent le corps . Nous avons hâte de prendre un long repos et nous remettre en état .Nous nous dirigeons par étapes sur Fresnes- en -Tardenois (Aisne) où nous arrivons le 3 janvier 1918.
Nous y resterons jusqu'au 24 février 1918 . Avec mon ami de Duyenro ,nous logeons chez le curé du village,dans un lit pour 0,50F et nous sommes heureux chez ce vieux curé qui vit avec une vieille servante .Nous leur apportons chaque jour 2 gamelles de rata ( ragoût) ,ainsi que le vin et une boule de pain ,ils n'en sont pas fâchés , car le curé est bien pauvre ! Il ne faut pas croire que nous fumons la pipe toute la journée , car tous les jours ,il y a manœuvre du canon , exercices de tir , et marches d'entraînement de 35 et 50 kilomètres.

La prochaine fois , 8ème partie :" le Front, Bataille de l'Oise - offensive allemande du 21 mars au 05 avril 1918-