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jeudi 21 octobre 2010

Propos de Mario Vargas Llosa , prix Nobel de littérature 2010

REUTERS/JESSICA RINALDI
L'écrivain Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature 2010, à New York, le 7 octobre 2010.

Le Péruvien Mario Vargas Llosa est le prix Nobel de littérature 2010 . 
C'est donc un écrivain surprise qui est venu coiffer tout le monde au poteau. Un écrivain qui a souvent fait partie des favoris ces dernières années, mais n'était pas annoncé pour 2010 . Il a été récompensé pour « sa description des structures du pouvoir » ,une récompense littéraire et politique pour celui qui fut candidat libéral à la présidentielle péruvienne en 1990. 
Son prochain ouvrage, El Sueno del celta (Le rêve du Celte), doit paraître début novembre dans le monde hispanophone. Il y évoque la personnalité de Roger Casement (1864-1916), nationaliste irlandais qui fit la guerre aux côtés des Allemands en 14-18 et qui critiqua le système colonial en Afrique et au Pérou. 
Les francophones devront attendre 2011 et la parution chez Gallimard – maison d’édition en France depuis quarante ans de l’auteur d’origine péruvienne- de ce qui s’appellera probablement Le Songe du Celte.
Dans cet interview du Temps ,le Prix Nobel de littérature 2010 évoque sa stupeur le jour de l’annonce, les écrivains qui l’ont marqué, de Flaubert à Faulkner, sa passion de la liberté.

– Dans quelles circonstances avez-vous appris que vous receviez le Prix Nobel de littérature?

Mario Vargas Llosa: Il devait être environ 5h30 du matin à New York où je réside actuellement pour un semestre, et j’étais déjà à ma table de travail depuis une demi-heure. Ma femme s’est approchée de moi, elle avait une expression étrange. Je me suis dit, mon Dieu, il est arrivé un accident! Elle me dit qu’un monsieur veut me parler au téléphone. Je prends le combiné, il y a un énorme brouhaha derrière mon interlocuteur, qui se présente comme un membre de l’Académie de Suède. Puis nous sommes coupés. Il me rappelle, il me passe le secrétaire perpétuel de l’académie qui m’annonce que je suis le lauréat du Nobel de littérature cette année et que la nouvelle sera officielle dans 14 minutes!

– A quoi et à qui avez-vous pensé après avoir raccroché?

MVL: J’étais extraordinairement surpris. Je n’en revenais pas, j’étais presque confus! Et puis très vite, dès que la nouvelle a été officialisée, le grand cirque a commencé, une véritable folie, un vertige: les téléphones ont sonné dans tous les sens, des gens ont commencé à arriver de partout, la famille, les amis, à tel point que je ne savais plus qui j’étais!

J’ai réfléchi ensuite à la manière dont tout cela avait commencé: je me suis revu tout petit, à 5 ans, apprenant à lire, en Bolivie, et comment la lecture, cette chose formidable, magique, avait bouleversé ma vie et l’avait enrichie. J’ai songé à ma mère, une grande lectrice, qui n’a jamais cessé de m’encourager et qui serait si contente aujourd’hui si elle était encore vivante. J’ai repensé à mes années de jeunesse, difficiles, à l’académie militaire, quand j’ai découvert que je voulais être écrivain, que je voulais consacrer ma vie à l’écriture, que je voulais vivre de ma plume, ce qui semblait totalement impossible, surtout au Pérou, où la littérature est considérée comme un hobby, un passe-temps pour les jours fériés pluvieux. J’ai aussi pensé à un oncle, Luis Lucho, un homme merveilleux qui m’a poussé à suivre ma vocation, à m’engager et qui me disait que, si je ne le faisais pas, je serais malheureux toute ma vie. Deux noms encore: Carlos Barral, mon premier éditeur espagnol, qui brava la censure franquiste pour publier La Ville et les Chiens, mon premier roman, et mon agent littéraire, Carmen Balcells, qui a tant fait pour moi. Et puis, j’ai tout simplement pensé à la littérature, à cette vocation merveilleuse, à cette récompense extraordinaire, à qui je dois les meilleurs moments de ma vie, qui m’a fait rêver et m’a apporté tant de plaisirs. Et à la chance que j’ai eue, celle de pouvoir m’y consacrer chaque jour.
Propos recueillis par Olivier Guez pour LeTemps.ch


Sources :
http://www.letemps.ch/ 
http://www.rue89.com/cabinet-de-lecture/2010/10/07/mario-vargas-llosa-un-prix-nobel-de-litterature-tres-politique-169962

2 commentaires:

  1. Je constate que Mario Vargas Llosa est, lui aussi, des 5H du matin a sa table de travail. Helas, c'est notre seul point commun .....

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  2. En effet ,c'est amusant car quand j'ai lu cette phrase ,j'ai pensé à vous :)

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