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mercredi 13 octobre 2010

Une Prison Ecolo en Norvège

 
 Les bâtiments de l'ancien orphelinat sur l'île de Bastøy

 Le premier centre pénitentiaire écologique au monde a banni barbelés, murs infranchissables et cellules. Sur l’île de Bastøy, les détenus apprennent à vivre en accord avec les autres et avec la Terre. C’est au jardin, à la pêche ou à la scierie qu’ils préparent leur sortie.

C'est dans les bâtiments centenaires et classés d'un ancien orphelinat pour garçons difficiles (voir photo ci-dessus) qu'on apprend aux détenus à se prendre en mains en vue de faciliter leur retour dans la société civile. 
Le lieu est idyllique. L’île, classée réserve naturelle, baigne dans le fjord d’Oslo, à 70km environ au sud de la capitale norvégienne. Plus de 2,5 km² de champs, de plages et de forêts, parsemés d’habitations en bois colorés. L’œil averti y cherche un barbelé, un mirador. Mais à l’entrée de ce petit coin de paradis, seule une pancarte, accrochée au pignon d’une grande bâtisse rouge, informe le visiteur qu’il vient de pénétrer sur l’île de Bastøy, une « arène pour le renforcement de la responsabilité ». 

Les quelque 115 détenus que comptait la prison en 2007 vivent en pleine nature, en semi-liberté, dans des bungalows  en bois. Plutôt que d’être enfermés en cellule, les pensionnaires travaillent en plein air à l’élevage et à l’agriculture biologiques .

Objectif : favoriser leur réinsertion dans la société en leur inculquant des valeurs écologistes et humanistes. 

« En enfermant les gens comme des animaux et en les privant de toute responsabilité, ces prisons font énormément de mal. Ici, nous soignons les blessures causées par le système pénitentiaire ».

Surveillés par 70 gardes non armés, leurs journées sont rythmées par le travail quotidien, lequel consiste dans le nettoyage des plages après le passage de plaisanciers extérieurs, l’entretien des bâtiments, l’élevage et l’exploitation agricole.

Outre des activités plus pédagogiques telles que l’apprentissage du travail du bois, l’informatique, la gestion des forêts, la protection de l’environnement, les détenus s’adonnent également à la pêche grâce aux 34 bateaux mis à leur disposition.

Si la prison de Bastøy se veut une porte de sortie et une aide à la réinsertion pour les détenus en fin ou remise de peine, elle se distingue également par son fort engagement en faveur de l’environnement. Convertie au bio, l’agriculture y est pratiquée sans engrais, ni pesticides. Les charrues tirées par des chevaux, et conduites par les prisonniers, remplacent les engins mécanisés. En parallèle, l’accent est mis sur le recyclage des déchets, les pensionnaires se chargeant de la fabrication de compost.

D’après la Fondation Nicolas Hulot,
Bastøy couvrirait la quasi-totalité de ses besoins en nourriture, le surplus étant revendu à d’autres prisons du pays. Du point de vue énergétique, la prison fonctionnerait à 70 % grâce à des panneaux solaires en partie installés par les prisonniers.  

Promu comme un havre de paix propice à la rédemption, cet univers carcéral hors normes semble avoir fait ses preuves puisqu’une seule tentative d’évasion a été signalée entre 2001 et 2007. Ce faible chiffre est d’autant plus honorable que ce sont les détenus mêmes qui gèrent le ferry reliant l’île de Bastøy au continent. Selon toute vraisemblance, le transfert dans une prison classique fermée en cas d’incartades s’avère une sanction suffisante pour réprimer les velléités d’évasion de potentiels fuyards.

 

Sveinung U. Ystad / AFP - Getty Images

Un prisonnier ramasse des débris sur la plage, près de la prise de Bastøy en Norvège, en juillet 2009

Sources : http://www.eco-bio.info/main1.php

http://www.lesauvageon.org/spip.php?article903

3 commentaires:

  1. J'avais vu un reportage sur Thalassa ou envoyé spécial une fois sur cette prison. Fort intéressant !
    Navrant qu'en France, la prison ne soit que dissuasive et répressive, et oublie de faire des criminels des Hommes à nouveau...

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  2. C'est tellement idyllique, qu'on se demande bien pourquoi il y encore des prisons de par le monde .... Il serait interessant de savoir quel type de "prisonnier" on met la.

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  3. @ Clément :
    La préparation de la réinsertion des prisonniers , qui à leur sortie vont redevenir des hommes "normaux" est en effet très importante . Je pense qu'ils ont bien cerné ce problème à Bastøy. Apparemment , cela semble bien fonctionner .
    « En enferment les gens comme des animaux et en les privant de toute responsabilité,les prisons font énormément de mal. Ici, nous soignons les blessures causées par le système pénitentiaire »

    @ Gilles :
    J'ai trouvé réponse à votre question :
    " Avant de débarquer sur l’île de Bastøy, la quasi-totalité des détenus ont séjourné entre les murs des établissements de haute sécurité. Certains pour des délits mineurs. La plupart, cependant,« ont commis des crimes très sérieux et écopé des peines les plus lourdes qui existent »,observe Nilsen Arne Kvernvik. Plus de la moitié ont été condamnés pour meurtre ou crime sexuel. Très nombreuses, les demandes de transfert vers Bastøy sont donc examinées à la
    loupe. « Ce ne sont pas les crimes qui nous intéressent, mais la motivation des candidats et
    les risquent d’évasion qu’ils posent», souligne le directeur de l’établissement. Car à Bastøy,
    les prisonniers vont et viennent à leur guise. Et si les gardes effectuent régulièrement des
    comptages, aucun d’entre eux n’est armé et ils ne sont souvent que cinq sur l’île la nuit.
    Cependant, les tentatives d’évasion s’avèrent extrêmement rares. Personne ne semble
    d’ailleurs se souvenir à quand remonte la dernière."

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