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dimanche 2 août 2009

Journal de route d'un combattant de la guerre 14-18 : n°6




6ème partie et suite du journal de route de mon grand-père « Reprise du Fort de la Malmaison et du chemin des Dames »

 
Le ravitaillement en obus s’accentue, nous avons des tas d’explosifs en vrac. Avec des « Spéciaux », les chasseurs alpins du 68è Bataillon nous viennent en aide pour faire un stock important et nous attendons. Cela ne durera pas longtemps .
En effet, le 23 octobre 1917, à 5h du matin, l’ordre d’attaque est donné, c’est le grand « branle-bas », tout le monde est à son poste. Je suis à la garde des avions avec des jumelles et le tir se déclenche en un bruit infernal .Le ciel est en feu, c’est une véritable tuerie, les Allemands ripostent car ils sont bien armés. Les avions nous mitraillent, c’est un beau carnage, il fait petit jour, le soleil apparaît tout rouge, c’est un "tableau" de l’enfer !
Les Zouaves du 4è régiment attaquent le fort de la Malmaison et les chasseurs alpins sont face à nos positions .Cette attaque a été menée par le Général Maistre avec les 14è ,11è ,21è corps et une partie du 39è corps sur un front de 12 kilomètres .Il y avait des milliers de canons, soit un tous les 6 mètres.
Sont tombés entre nos mains le fort de la Malmaison, Vaudesson, avec une avance en profondeur de 6 kilomètres, faisant 12000 prisonniers, 180 canons. Nous avions en face de nous 7 divisions allemandes acharnées.
Dès 9h du matin, nous partons pour nous rapprocher des Carrières de Bohéry, où des Allemands ne veulent pas se rendre. Nous restons en attente pendant 2 heures car Pargny Filain n’est pas pris. Nous avançons avec nos "155" et tirons des obus sur les abris allemands ; le 26 octobre 1917, c’est terminé ,l’ennemi est vaincu ,nous restons en attente d’une contre-attaque dans un chemin creux,pièces chargées ,et veillons . L’ennemi ne réagit pas, et le 10 novembre 1917, nous repartons. Nous sommes restés dans ce secteur du 23 septembre au 10 novembre 1917.
(Pour mon unité, aucune citation )

Nous quittons le front le 10 novembre 1917 et repassons par Braisne pour aller au repos dans un village nommé LAUNOY (Aisne) jusqu’au 27 novembre 1917.
C’est un mauvais cantonnement, presque pas de civils, toujours des corvées, revues d’armes et balayage des rues !
Quant à moi, comme téléphoniste et agent de liaison, je suis au bureau du chef .Il y a là un vieux poêle, je fais du feu et en profite pour me changer avec des habits propres et des « godasses » .Je couche le soir sous un réduit d’escalier, à quelques mètres du bureau.
Puis, nous changeons de cantonnement pour aller dans un autre petit village appelé Hartennes –Taux (un peu en retrait de la route de Soissons) et y resterons jusqu’au 4 décembre 1917.
Nous fêtons la Sainte Barbe dans ce "patelin" par un plantureux repas, composé pour chacun de nous d’un demi poulet et ½ litre de vin rouge, ainsi que d’un cigare (la Sainte Barbe est toujours fêtée dignement dans l’artillerie).

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Chemin des Dames –Carrières de Bohéry


Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc


-Citation-
Le Général commandant la 6è armée cite à l’ordre de l’armée le régiment d’infanterie Coloniale du Maroc.
Le régiment d’élite, sous l’énergique commandement du lieutenant Colonel Debailleul, a, le 23 -10-1917, par une manœuvre audacieuse, difficile et remarquablement exécutée, encerclé et enlevé de haute lutte les carrières de Bohéry, s’est emparé ensuite des lignes de tranchées du chemin des Dames que l’armée Prussienne avait ordre de défendre à tout prix. Puis progressivement, encore sous le feu violent de l’artillerie et de mitrailleuses, sur un front de plus de 4 kilomètres, malgré des pertes sensibles, a atteint avec un entrain admirable tous les objectifs, infligeant à l’ennemi de lourdes pertes, capturant 950 prisonniers dont 44 officiers ,10 canons dont 8 de gros calibres et d’innombrable matériel de guerre.

Signé Maistre 





 La cour de la caserne du fort après les bombardements de l'offensive du 23 octobre 1917





Chemin des Dames
Le fort de la Malmaison (après la reprise) - 23 Octobre 1917 -
(Photo de l'album de mon grand-père)





La prochaine fois : 7ème partie: "le front de Saint Quentin"



2 commentaires:

  1. Grand monsieur, ce general Maistre! Ces cendres sont aux invalides il me semble..

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  2. Oui, bravo , elles y ont été transférées le 28 mai 1931.

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