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vendredi 8 avril 2016

L'Europe aux neuf langues ( 22 juin 1989 )

Pour voir la carte montrant l'évolution des pays membres de la CEE (de 1957 à 1993) puis de l'Union européenne, animée selon l'ordre d'adhésion , cliquez sur le lien suivant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Union_europ%C3%A9enne



Voici un article que mon père avait écrit dans la tribune libre du Centre-Presse ( quotidien de la Vienne) du 22 juin 1989 . Il s'intitule "l'Europe aux neuf langues" .
Cet article montre la vision de l'Europe du futur que pouvait avoir un citoyen européen en 1989.
Je précise pour comprendre certaines annotations faites dans l'article ,que mon père était linguiste ,enseignait deux langues ,l'espagnol et le portugais et parlait aussi couramment l'anglais et l'allemand .


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"Au lendemain des élections au Parlement européen (18 juin 1989),il peut être intéressant d'évoquer un problème difficile à résoudre lors de la réalisation d'une Europe unie : c'est celui des langues de la communauté .
On ne cesse de parler de questions économiques, politiques et financières ,mais que fait-on des Européens ? Pour gagner la paix et la prospérité européennes , n'est- il pas nécessaire ,avant tout,de créer "l'Europe des cœurs" pour effacer méfiance et préjugés ? 

Il faut donc que les douze peuples de la communauté se comprennent intimement. Or ,l'Europe de la CEE (de 1989) ( République fédérale d'Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas ,France, Luxembourg,Royaume-Uni, Danemark ,Irlande , Grèce , Espagne et  Portugal ) est riche de neuf langues ( l'Anglais , l'Allemand , l'Italien, le Français ,le Danois , le Portugais , l'Espagnol,le Grec et le Néerlandais ), de neuf cultures irremplaçables .Il est facile ,aussi bien dans les discours que sur le papier ,d'affirmer qu'une langue véhiculaire aplanira les difficultés linguistiques .Sans doute les technocrates n'auront -ils aucun mal à se comprendre ,eux qui travaillent froidement à coups de chiffres et de manipulations d'ordinateurs .
Si les États-Unis d'Amérique ont pu réaliser l'union, de Los Angeles à Philadelphie ,si tous les habitants des USA pensent et sentent dans la même langue ,il n'en va pas de même des Européens .La sensibilité italienne est différente de la néerlandaise,la pensée d'un Français n'est pas la même que celle d'un Grec ,et les réactions affectives d'un Allemand sont éloignées de celles d'un Portugais .
Miguel de Unamuno a écrit que "la langue est le sang de l'esprit ". Demandons à nos compatriotes linguistes combien de temps leur a été nécessaire pour pénétrer les arcanes des peuples dont ils étudient les langues ? Et ,parmi nos hommes politiques , combien sont parfaitement bilingues ou trilingues ,combien de nos députés européens sont capables de s'entretenir -sans interprète ou sans traduction simultanée - avec un député danois ou un parlementaire italien ?
On nous démontrera,bien entendu ,que le problème est mal posé et qu'une langue véhiculaire fera bien l'affaire . Acceptons-en l'augure ,mais l'eau coulera encore longtemps sous les ponts de la Loire ,du Rhin et de l'Ebre avant que le cultivateur beauceron puisse discuter -sans intermédiaire- des problèmes agricoles avec un paysan calabrais . Car c'est bien de cela qu'il s'agit : compréhension directe entre les hommes exerçant le même métier .
Une langue véhiculaire est toujours artificielle ,alors qu'une langue maternelle est faite non seulement de sons,mais aussi d'attitudes et recouvre un art de vivre qui la rend intime,profonde, incomparable. L'exemple de l'URSS ,où le Russe est la langue véhiculaire de trente trois peuples parlant des langues aussi différentes que l'Arménien , l' Estonien ,le Yakoute ou le Moldave , n'est pas concluant .En dépit des efforts du pouvoir central ,depuis soixante-douze ans ,derrière chaque langue apparaît un nationalisme peut-être désuet mais toujours présent .(on se souvient que quatre mois et demi après l'écriture de cet article , se produisait la chute du mur de Berlin - 9 novembre 1989 - qui annonçait la mort prochaine de l'URSS et du communisme .Sans aucun doute , les divers nationalismes qui étaient toujours vivants dans les nations sous le joug de l'URSS ont joué un rôle primordial et moteur dans la revendication d'indépendance de ces nations ...)

L'anglais est la langue, fréquemment citée ,pouvant devenir le véhicule des idées dans l'Europe de demain . On remarquera ,cependant ,que l'anglais est la langue d'un pays qui a montré bien des réticences à s'intégrer dans le concert des peuples de notre vieux continent et qui a mille affinités avec les USA dont nous cherchons à nous démarquer économiquement parlant .
Chacune des douze nations voudra garder sa langue et sa culture.On cite volontiers l'exemple de la Confédération helvétique que l'on a comparée à une petite communauté européenne avec ses quatre langues : allemand ,français, italien et romanche .
J'aimerais rapporter ce qu'écrit Claude Torracinta dans la préface de son livre : "La Suisse aux quatre langues"(édition française,Editions Zoé, Genève 1985 ,page 9 ):
"dans un pays où l'histoire offre vingt-cinq versions différentes et où l'unité nationale se fonde sur un enchevêtrement subtil de multiples rapports majorité-minorité qui se complètent et s'annulent, la frontière des langues constitue une barrière souvent difficilement franchissable. Disons le clairement,la majorité des Suisses ne se comprennent pas ou mal ". Mais l'auteur continue, nuançant son propos :
"Oui, nous nous comprenons mal. Et le miracle ,c'est que ,malgré cela ,nous ayons réussi à vivre ensemble et à nous entendre depuis si longtemps ."
Pourtant, il ne manque pas de faire preuve d'un certain pessimisme... "si cette diversité linguistique a été une chance et même une richesse pour la Suisse ...la question se pose de savoir si elle ne deviendra pas un jour source de malentendus et de conflits ."
On objectera que la Suisse n'est pas la CEE et que les problèmes sont différents à Strasbourg et à Berne. Acceptons ,néanmoins,le fait que neuf langues et neuf cultures sont une richesse certaine pour l'Europe si elle sait éviter le piège de la prédominance du Matérialisme sur l'Esprit."
Jacques Alibert  - 22 juin  1989


La devise de l'Union européenne est :
 In varietate concordia ("Unie dans la diversité")




En lisant cet article ,on s'aperçoit que depuis 1989 , l'Europe a bien changé . 
Et l'un des plus importants changements est qu'en 27 ans ,la CEE est devenue l'Union européenne ,et que de douze pays , nous sommes passés à vingt-huit pays membres .
L'anglais est bien resté la langue véhiculaire ,c'était plus que prévisible , car quelle autre langue proposer ? Mais les citoyens de cette Europe se comprennent-ils vraiment tout à fait ou seulement à peu près,à travers une langue qui n'est la langue maternelle que des Anglais et des Irlandais ,population représentant seulement 1/7è de l'UE  ?

Un autre sujet qu'évoquait mon père était la compréhension directe entre les hommes exerçant le même métier ("Car c'est bien de cela qu'il s'agit : compréhension directe entre les hommes exerçant le même métier") : quelle réponse peut- on apporter aujourd'hui ,alors que nous sommes maintenant 28 pays formant l'Union européenne ?
Plus il y aura de pays et de langues , plus la compréhension entre les peuples sera difficile ...
 En reprenant la dernière phrase de l'article ,"acceptons ,néanmoins,le fait que neuf langues et neuf cultures sont une richesse certaine pour l'Europe si elle sait éviter le piège de la prédominance du Matérialisme sur l'Esprit" , on ne peut malheureusement que constater que le matérialisme a pris toute la place dans notre société .

Mon père était un rêveur , un idéaliste, il rêvait "d'une Europe des cœurs". Il avait peut-être raison, il fallait sans doute aller moins vite ,commencer à créer l'Europe des peuples avant de créer l'Europe du commerce ,des banques . Mais les peuples n'ont pas pouvoir de décider ,ils subissent ce que politiciens et autres puissants (banquiers, sociétés au
CAC 40...) décident pour eux .On s'aperçoit que ce qui est mis en place n'est pas toujours ce dont les peuples rêvent ,mais hélas matérialisme et profit sont aujourd'hui devenus les priorités de nos sociétés .

Cependant pour rester positive, je terminerai sur cette phrase de l'article :
"Acceptons ,néanmoins,le fait que neuf langues et neuf cultures sont une richesse certaine pour l'Europe ..." 

Alors avec 28 pays membres ,quelle richesse !
Aux peuples maintenant de continuer à prouver que ce sont justement leurs différences et leurs diversités culturelles et linguistiques qui permettent de tisser des liens .

Et c'est sans aucun doute le plus solide des ciments pour l'Union européenne .
 
 



http://www.touteleurope.eu/fr/histoire/dates-cles/les-elargissements/presentation/de-6-a-27-pays.html#c141934


mardi 29 mars 2016

Nooruse Aeg ( Le temps de la jeunesse) , un poème de Gustav SUITS



Gustav SUITS  (Võnnu 30 novembre 1883 – Stockholm 23 mai 1956) est l'un des plus grands poètes estoniens .
Cofondateur du groupe Noor-Eesti et promoteur dans son pays d'un modernisme influencé par le symbolisme européen, il exprima avec vigueur l'enthousiasme révolutionnaire de sa génération (le Feu de la vie, 1905), cultiva ensuite un lyrisme plus sombre et mélancolique (le Pays des vents, 1913), puis refléta les événements de son époque dans des poèmes engagés de facture expressionniste (Tout n'est qu'un songe, 1922). Ayant choisi d'émigrer en 1944, il exhala dans ses derniers vers sa nostalgie d'exilé et l'amertume causée par le destin tragique de l'Estonie (le Feu et le vent, 1950).


NOORUSE AEG
Aeg antud naerda, aeg antud nutta,
aeg antud pisaraid pühkida.
Aeg seatud elada, aeg seatud surra,
aeg musta mulla all magada.
Kuid mis on nooruse aeg ?
Ei ole see paastuda, ei ole see paluda,
ei vaimu närides närtsida :
see aeg on õitseda, aeg õnne maitseda —
ja armsa kaela ümber hakata.

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LE TEMPS DE LA JEUNESSE

Il y a le temps de rire et celui de pleurer,
le temps pour essuyer ses larmes.
Le temps fixé pour vivre et pour mourir,
et le temps pour dormir sous la terre noire.
Mais quel est le temps de la jeunesse ?
Ce n’est pas celui de jeûner ni de supplier,
ni de se faner en se fatiguant l’âme :
c’est le temps de fleurir, de goûter le bonheur 
et de s’accrocher au cou d’un être aimé.


Traduit de l’estonien par Antoine Chalvin



Sources
https://en.wikipedia.org/wiki/Gustav_Suits

http://www.litterature-estonienne.com/

jeudi 17 mars 2016

17 mars : Saint Patrick's Day



Le patron de tous les Irlandais est en fait né au Pays de Galles, à la fin de l'époque romaine, dans les années 380.
Enlevé par des pirates Scots (nom porté par les Irlandais au Moyen Âge, à ne pas confondre avec les Écossais), l'enfant est emmené en esclavage en Irlande où il devient gardien de cochons sur les pentes du mont Slemish, dans le comté d'Antrim. Il réussit à s'évader, retrouve ses parents puis gagne la Gaule. À Auxerre, auprès de l'évêque Germain, il reçoit la prêtrise.
Patrick obtient de revenir en Irlande pour convertir les païens. Il embarque pour l'île avec le titre d'évêque, avec quelques compagnons. Le trèfle à trois feuilles lui permet d'expliquer le mystère de la Trinité (trois Personnes - le Père, le Fils et l'Esprit-Saint - en un seul Dieu). La plante deviendra le symbole de l'île.
Infatigable dans son apostolat, Patrick doit affronter de nombreuses résistances, notamment celle des druides. Il meurt vers 461, à plus de 80 ans, sur la terre de Dichn où son tombeau devient aussitôt un lieu de pèlerinage.
Depuis lors, chaque année, le 17 mars, jour de sa fête, les Irlandais du monde entier ne manquent pas de célébrer sa mémoire... avec force chopines.



Vœux de la Saint Patrick

Puissiez-vous avoir
Une maison contre le vent
Un toit contre la pluie
L'amour d'une famille unie

Puissiez-vous toujours être entourés
De gens joyeux et d'éclats de rire
De tous ceux que vous aimez
Puissiez-vous avoir
Tout ce que votre coeur désire.



On associe le vert à la Saint Patrick, parce que c'est la couleur du printemps
et du trèfle, emblème de l'Irlande.
On dit que trouver un trèfle à 4 feuilles porte chance.
Une vieille légende dit également qu'il peut rompre le charme d'un mauvais esprit.
La tradition veut que l'on soit vêtu de vert pour fêter la Saint Patrick,
A certains endroits, les élèves peuvent pincer leur professeur,
si celui-ci n'est pas habillé de vert en cette journée. 



Sources :
http://www.coindespetits.com/stpatrick/stpatrick.html
http://www.herodote.net/almanach/jour.php?ID=2551




Paysages d'Irlande, sous le soleil ou les nuages, pour fêter cette St Patrick au son des musiques celtiques des 'Churfitters', de Carlos Nunez, et de Didier Squiban.

dimanche 24 janvier 2016

Les chutes de Keila-Joa et le château de Fall (Nord-ouest de l'Estonie) - 29 mars 2011 -

 Chutes de Keila-Joa - Juillet 2012


Keila -Joa se trouve à environ 32 km à l'ouest de Tallinn .
Keila-Joa (autrefois Fall )est un village estonien de la province d'Harju (ancien district d'Harrien) appartenant à la commune de Keila . Sa population comptait 348 habitants en 2004. 
Le village est traversé par le Keila qui se jette dans la mer Baltique 1,7 km plus loin. 
On y admire une des plus jolies chutes d'eau du pays (6,1 mètre de hauteur et 70 mètres de largeur). Ce sont les deuxièmes après celles de Jägala.
L'endroit dénommé Fall est mentionné pour la première fois par écrit en 1555 par l'existence d'un moulin à eau.








29 mars 2011



 



Le 29 mars 2011 ,les chutes étaient encore gelées ,mais la température se radoucissant , la fonte a doucement commencé.
Avant d'arriver aux chutes par le chemin venant du parking , nous apercevons un joli pont de bois qui traverse la rivière Keila . On peut y descendre par quelques marches ,encore recouvertes de neige et d'un peu de glace , attention à la chute !
Des cadenas ornent les deux chaînes du pont . Ces cadenas sont une charmante et très ancienne tradition : les amoureux venaient sceller leur amour sur ce pont en nouant un ruban brodé de leurs deux prénoms .L'eau qui passait sous ce pont symbolisait le temps qui passe et le ruban assurait ainsi un amour inaltérable et sincère .


Pour en savoir plus sur cette tradition :
http://estonie-ilus-on-maa.over-blog.com/article-35330867.html

 

 
Château de Fall derrière les arbres sur la gauche- 29 mars 2011


Sur l'autre berge de la rivière Keila , on aperçoit au loin derrière les arbres, une bâtisse d'un ton orangé un peu défraichi ,le Château de Fall .



 
Keila-Joa mansion, founded at the beginning of 17th century,
 in devastated condition, lately abandoned by Soviet army- 



 
Photo par  erkkivarpa ( http://www.panoramio.com/photo/35857929)








Le domaine appartenait au XVIIe siècle à la famille von Wrangel et avait été acheté en 1763 par le comte Berend Heinrich von Tiesenhausen, puis par le baron Arnold von Dehn (1712-1798). 
Il est passé ensuite entre plusieurs mains: le major Karl Gustav von Wrangel, le comte Paul von Tiesenhausen (1804-1805), le lieutenant-général Reinhold Wilhelm von Pohlmann, puis à sa veuve Anna Christine, née Fersen, et ensuite à Otto von Pohlmann. Celui-ci le vendit au baron Jakob Georg von Berg en 1809. 
Le domaine a été acheté en 1827 par le comte Alexandre von Benckendorff, général de l'armée impériale russe pendant les guerres napoléoniennes. Il y avait fait construire en 1827-1830 le premier château historiciste du pays par Andreï Stackenschneider qui bâtit un vaste édifice néogothique. Le château a été honoré d'une visite de l'empereur Nicolas Ier, en 1833. 
Le château est entouré d'un des plus beaux parcs d'Estonie sur une surface de 80,2 hectares. Le domaine devint un majorat en 1837.

Le château de Fall entra ensuite par héritage dans la famille des princes Volkonski, en 1869, la fille du comte, Marie (1810-1881), ayant épousé le prince Grigori Petrovitch Volkonski (1808-1882). Le domaine fut organisé en fidéicommis en 1881 et devint la possession du prince Pierre Volkonski. Ses descendants ont été chassés du domaine, lorsque les biens de la noblesse terrienne ont été nationalisés par la nouvelle république estonienne en 1919.
Le dernier propriétaire fut le prince Grigori Volkonski (1870-1940).
Au fond du parc se trouve la nécropole familiale avec une petite chapelle et quelques tombes .




Vue de la nécropole des Benckendorff et des Volkonski



 

 









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Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Keila-Joa